Des perspectives suisses en 10 langues

EPFL: les somnambules sont meilleurs dans le multi-tâches

Il est désormais possible de diagnostiquer le somnambulisme à l'éveil. EPFL sda-ats

(Keystone-ATS) Les somnambules sont meilleurs dans les tâches multiples que les non-somnambules. Ils font preuve d’un automatisme accru dans leurs mouvements, même éveillés, selon une étude de chercheurs lausannois et britanniques publiée dans la revue Current Biology.

Des somnambules et des non-somnambules portant une combinaison complète de capture de mouvement dans une pièce remplie de caméras infrarouges ont été priés de marcher en direction d’un objet-cible, en l’occurrence un cylindre virtuel, à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), a indiqué cette dernière lundi dans un communiqué.

On présentait au sujet un avatar grandeur nature, qui pouvait répliquer la trajectoire réelle du sujet en temps réel, mais aussi en dévier. Les participants pouvaient donc être induits en erreur et suivre une trajectoire modifiée pour compenser la déviation de l’avatar. Leur vitesse de déplacement ainsi que la précision de leurs mouvements étaient enregistrées et analysées.

Résultats: il n’y avait pas de différence entre somnambules et non-somnambules lors de l’exécution de cette première tâche, comme une recherche antérieure l’avait suggéré. Mais lorsque les chercheurs ont ajouté une couche de complexité, une distinction claire entre les deux groupes est apparue.

Contrôle automatique de la locomotion

Les chercheurs ont demandé aux sujets de compter à rebours en étapes de 7 à partir de 200. Les non-somnambules ont ralenti de manière marquée lorsqu’ils devaient compter à rebours tout en marchant, alors que les somnambules ont conservé la même vitesse de déplacement, manifestant ainsi un fort contrôle automatique de la locomotion également à l’éveil.

De plus, les somnambules se sont avérés plus habiles à détecter des changements dans le feedback de la réalité virtuelle lorsqu’ils étaient confrontés à la tâche de calcul mental.

Pour le neuroscientifique de l’EPFL Olaf Blanke, cité dans le communiqué “cette recherche est une première dans le domaine de la surveillance d’action”. Elle apporte d’importants biomarqueurs du somnambulisme à l’état d’éveil.

Actions complexes

Le somnambulisme affecte entre 2% et 4% des adultes et 10% des enfants. Cet état peut inclure des mouvements allant de petites gestes à des actions complexes, telles que marcher, ou même s’habiller, conduire une voiture, voire jouer d’un instrument de musique, tout cela pendant le sommeil.

Il s’agit d’un éveil partiel à partir du sommeil profond, mais on ignore quels mécanismes cérébraux fonctionnels sont affectés par cette pathophysiologie. Ces travaux ouvrent donc de nouvelles perspectives et pourraient aider au diagnostic du somnambulisme lorsque le sujet est éveillé, plutôt que de devoir recourir à un séjour d’une nuit dans un laboratoire du sommeil.

“Traditionnellement, on ne savait pas grand-chose des marqueurs diurnes du somnambulisme, essentiellement à cause de la difficulté à conduire des investigations de manière expérimentale”, ajoute Oliver Kannape, de l’Université du Central Lancashire (GB), auteur principal de l’étude.

Cette étude offre des perspectives novatrices dans ce désordre courant du sommeil et propose un lien scientifique clair avec le contrôle d’action et l’état de conscience, concluent les scientifiques.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision