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Erdogan inaugure le 3e pont sur le Bosphore à Istanbul

Des ballons rouges ou blancs, teintes du drapeau de la Turquie, ont été lâchés lors de l'inauguration du pont sur le Bosphore. KEYSTONE/AP Depo Photos/TOLGA ADANALI sda-ats

(Keystone-ATS) Le président turc Recep Tayyip Erdogan a inauguré vendredi soir le troisième pont sur le Bosphore à Istanbul. Cet ouvrage élégant, relève de considérables défis techniques. Il a été dessiné et planifié en Suisse.

Ce troisième pont routier et ferroviaire, un des plus grands ponts suspendus du monde, est censé décongestionner la métropole tentaculaire. Il doit alléger la circulation sur les deux premiers ponts enjambant le Bosphore et reliant aussi les rives européenne et asiatique de la ville de 18 millions d’habitants.

Le pont porte le nom “Yavuz Sultan Selim” qui fut le neuvième sultan de l’empire ottoman. Mort en 1520, il a eu cinq enfants, dont Soliman le Magnifique. Mais le choix de ce nom a été ressenti comme une provocation par les Alévis, minorité chiite persécutée par le sultan ottoman.

L’ouvrage sera mis en service samedi. Il s’inspire du pont de Brooklyn, à New York. Il fait 1,4 kilomètre de long et 59 mètres de large et ses pylônes sont plus haut que la Tour Eiffel.

Le projet a été critiqué par les défenseurs de l’environnement car il menace la seule région boisée d’Istanbul et risque de contaminer la nappe phréatique. Certains économistes ont estimé qu’il ne serait jamais rentable.

“Folie des grandeurs”

Ce pont fait partie des travaux d’envergure voulus par M. Erdogan dans lesquels ses détracteurs voient une “folie des grandeurs”. Il s’inscrit dans le cadre d’un gigantesque projet autoroutier devant permettre à la plus grande ville de Turquie de s’étendre vers la mer Noire.

“Nous sommes en Europe, et nous allons rejoindre l’Asie par la mer pour la troisième fois”, a déclaré le président Erdogan avant de couper le ruban. “Nous connectons les continents grâce au pont”, a-t-il lancé, ajoutant: “Les films du monde entier seront tournés ici”.

“Merveille de l’ingénierie”

Lyrique lui aussi, le Premier ministre Binali Yildirim a estimé que “Istanbul est une ville de ponts”, une ville “hors pair qui connecte les continents et les cultures (…) Yavuz Sultan Selim n’est pas seulement un pont mais une oeuvre d’art”, a-t-il insisté, qualifiant la structure hybride – le pont est à la fois suspendu et doté de haubans – de “merveille de l’ingénierie”.

Le pont, conçu par les architectes français Michel Virlogeux et suisse Jean-François Klein et bâti par une coentreprise sud-coréenne, vient s’ajouter à la liste de grands travaux spectaculaires dans la ville d’Istanbul dont M. Erdogan a été le maire.

Développement des infrastructures

Ce projet d’un coût d’environ 3 milliards de dollars (2,9 milliards de francs) vise à faciliter le contournement d’Istanbul. Cette mégapole a connu une profonde mutation sous l’impulsion d’Erdogan au cours de la décennie écoulée, avec de nouveaux gratte-ciel et autoroutes et un triplement de la longueur du réseau de métro.

Il y a trois ans, le gouvernement s’est engagé à investir 200 milliards de dollars dans les infrastructures pendant une décennie. Un programme auquel qu’il a promis de respecter malgré les difficultés économiques du pays, avec un ralentissement de la croissance depuis 2011, une tentative de coup d’Etat avortée en juillet et la multiplication des attentats.

Un troisième aéroport géant à Istanbul est prévu début 2018. En outre, le tunnel Eurasia, sous le Bosphore, sera inauguré fin décembre.

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