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Espionnage: Cassis et Lavrov font retomber un peu la tension

Les chefs des diplomaties russe Sergueï Lavrov et suisse Ignazio Cassis se sont un peu rapprochés après plusieurs mois de tenions liées à une affaire d'espionnage entre les deux pays. KEYSTONE/AP Keystone/MARTIAL TREZZINI sda-ats

(Keystone-ATS) Le conseiller fédéral Ignazio Cassis et son homologue russe Sergueï Lavrov ont fait retomber un peu la tension sur l’affaire des espions russes. Le second a dit mercredi à Genève que le dialogue devra se poursuivre. Berne appelle aussi Moscou et Kiev à la désescalade.

“Nous avons constaté avec plaisir que la situation s’est améliorée”, a dit devant la presse le conseiller fédéral. Cruciale, une réunion a eu lieu il y a environ deux semaines à Moscou entre le chef du Service de renseignement de la Confédération (SRC) Jean-Philippe Gaudin et ses homologues. Ce dialogue a permis de débloquer la question des accréditations de certains diplomates russes en Suisse.

Pour autant, M. Cassis a réaffirmé à son homologue que “l’activité d’espionnage et de renseignement à l’intérieur de services diplomatiques n’est pas tolérée” par la Suisse. Et M. Lavrov n’a pas caché une nouvelle fois son “étonnement” sur le fait que les accusations suisses, que son pays avait considéré comme “infondées”, ont été dévoilées par les médias.

Le Russe accuse un membre du Conseil fédéral d’avoir partagé ces allégations pour provoquer un “scandale”. Mais il salue lui aussi la rencontre entre les chefs des services de renseignement. “Nous devons continuer à travailler de cette manière, sans politisation” de l’affaire, ajoute-t-il.

Eviter d’imiter la Grande-Bretagne

Et d’estimer que “les déclarations publiques ne font qu’ajouter de la confusion”. Selon lui, beaucoup de pays occidentaux assènent, comme la Grande-Bretagne, des accusations contre Moscou sans les prouver.

Un ton malgré tout un peu apaisé qui tranche avec celui de la précédente discussion entre les deux ministres en septembre pendant l’Assemblée générale de l’ONU. Le Tessinois avait alors invité M. Lavrov en Suisse, mais le chef de la diplomatie russe souhaitait attendre que le climat se calme à nouveau.

Environ deux mois plus tard, la conférence ministérielle sur l’Afghanistan a offert une possibilité à ces deux responsables de se voir plus longuement pendant un déjeuner de travail. Autre signe de rapprochement, M. Lavrov participera en juin prochain à l’ouverture de la nouvelle ambassade suisse à Moscou. “Il n’y a pas d’autre pays avec lequel nous ayons des contacts aussi intenses”.

Procédure contre deux Russes

Le Conseil fédéral a autorisé en octobre dernier le Ministère public de la Confédération (MPC) à ouvrir une procédure pénale contre deux ressortissants russes soupçonnés de service de renseignements politique. Selon toute vraisemblance, la situation est liée à deux hommes qui voulaient espionner le Laboratoire de Spiez (BE).

En mars 2017, le MPC a déjà ouvert une enquête contre deux présumés espions russes. Ils étaient suspectés d’avoir mené une cyberattaque contre l’Agence mondiale antidopage, dont le siège européen est à Lausanne.

Tout laisse penser que ces hommes sont les mêmes que ceux qui ont été arrêtés il y a plusieurs mois aux Pays-Bas et renvoyés dans leur pays. Ils étaient alors en route pour le Laboratoire de Spiez. Cette institution spécialisée dans les menaces chimiques a notamment participé aux investigations sur l’empoisonnement de Sergueï Skripal en Angleterre. L’arrestation avait permis de prévenir toute action illégale contre une infrastructure suisse critique, avait dit le SRC.

Appel à la désescalade

Parmi les autres questions abordées mercredi par les deux ministres, M. Cassis a appelé Moscou mais aussi Kiev à la désescalade après les tensions entre la Mer Noire et la Mer d’Azov. Celles-ci ne sont dans l’intérêt d’aucun des deux pays ni du reste du continent européen, selon lui. M. Cassis a appelé les deux Etats à se conformer au droit international.

Une inquiétude à laquelle M. Lavrov a répondu que la zone se trouvait, contrairement à ce qu’affirme l’Ukraine, dans les eaux territoriales russes. Quelques jours après le rejet de l’initiative sur l’autodétermination, sans référence au vote, le ministre a aussi relevé l’attachement suisse au droit international en se plaignant que d’autres pays occidentaux violent des dispositions, notamment celles du Conseil de sécurité de l’ONU.

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