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Etat d’urgence en Crimée après une coupure totale d’électricité

(Keystone-ATS) La Crimée était en grande partie plongée dans le noir dimanche en raison d’une coupure d’électricité venant d’Ukraine, suite à des “explosions” au niveau des lignes à haute tension. L’état d’urgence a été décrété dans cette péninsule ukrainienne annexée par la Russie.

L’électricité a été coupée dimanche à 00h25 heure locale (23h25 samedi en Suisse), a indiqué la branche locale du ministère russe des Situations d’urgence, sans préciser la raison de cette coupure totale. “Par décision de la direction de la république de Crimée, un état d’urgence a été instauré dans la péninsule”, a-t-elle ajouté.

Peu après, les générateurs de la république de Crimée ont été mis en marche. “A 01h20 locales, les villes de Simferopol, Yalta, Théodosie et Eupatoria ont été partiellement connectées”, a précisé le ministère.

A la mi-journée, “plus de 1,64 million de personnes n’ont plus accès à l’électricité”, a annoncé le ministre russe de l’Energie dans un communiqué. Pour le Premier ministre de Crimée, Sergueï Axionov, l’Ukraine est à l’origine de ce sinistre.

“Je ne pense pas que l’Ukraine cherche (le responsable, Ndlr). Ses agents l’ont peut-être fait eux-mêmes. J’estime qu’elle (leur) a donné son accord”, a-t-il déclaré sur les ondes de la radio moscovite Govorit Moskva.

Enquête en cours

L’Ukraine a confirmé que des explosions ont eu lieu au niveau des lignes à haute tension, et assuré ne pas connaître les responsables: “L’enquête suit son cours. Pour l’instant il n’y a pas d’hypothèses, les enquêteurs y travaillent”, a déclaré la porte-parole du ministère ukrainien de l’Intérieur, Natalia Stativko.

La compagnie ukrainienne d’électricité d’Etat Ukrenergo a publié sur son site des photos d’un pylône électrique abattu et d’un autre endommagé, situés dans la région ukrainienne de Kherson, au nord de la Crimée. La nature de ces dégâts évoque un “tir d’artillerie ou l’utilisation d’engins explosifs”, a-t-elle précisé dans un communiqué.

Vendredi, très tôt dans la matinée, deux autres pylônes avaient été détruits, a annoncé Iouri Kassitch, vice-directeur d’Ukrenergo, précisant que des “éclats d’obus” avaient été retrouvés sur place. L’approvisionnement de la Crimée en électricité dépend entièrement de ces quatre lignes ukrainiennes à haute tension.

“Acte de terrorisme”

“L’ensemble des quatre lignes qui fournissent la Crimée en électricité ont été coupées. Plus tôt dans la journée, nous avons tenté de rétablir le courant, mais ce fut un échec”, a poursuivi Iouri Kassitch, lors d’une conférence de presse. Il a signalé que les mesures techniques prises pour pallier au manque d’électricité sont “très dangereuses”, a-t-il ajouté.

Selon l’agence russe RIA Novosti, le sabotage a eu lieu dans la région de Kherson, au nord de la Crimée, en territoire ukrainien. Des Tatars de Crimée, minorité musulmane majoritairement opposée à l’annexion russe, manifestaient au pied des pylônes depuis samedi.

Ils ont appelé à un blocus de la péninsule pour protester contre l’arrestation de plusieurs membres de leur communauté en Crimée, selon l’agence de presse russe RIA Novosti.

Refat Tchoubarov, un des dirigeants de cette communauté, a refusé de répondre lorsqu’un journaliste lui a demandé si les Tatars de Crimée étaient impliqués dans le sabotage des lignes, a indiqué l’agence. Le député russe pro-Kremlin Frants Klintsevitch a qualifié la coupure d’électricité de “véritable acte terroriste”, d’après RIA Novosti.

Référendum contesté

La Crimée, auparavant république autonome et russophone de l’Ukraine, a été rattachée à la Fédération de Russie en mars 2014, après un référendum organisé à la suite du renversement à Kiev du président prorusse Viktor Ianoukovitch. Les Occidentaux considèrent le référendum comme illégal et ne reconnaissent pas ce rattachement.

L’hiver dernier, la Crimée avait déjà connu plusieurs coupures totales de courant dues à des problèmes techniques selon les autorités russes mais que certains attribuent à des sabotages délibérés.

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