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Ethiopie: les joggeurs d’Addis Abeba ignorent la détresse des réfugiés

(Keystone-ATS) Dimanche matin, Addis Abeba jogge. Il est six heures, et pourtant la moitié de la ville semble déjà sur pied. L’Ethiopie, la nation du marathon? Certainement, mais pas seulement. En route pour l’aéroport, le convoi de Simonetta Sommaruga passe devant les coureurs.

La délégation suisse a demandé à visiter un camp de réfugiés à l’est du pays. L’Ethiopie, le pays qui abrite plus de 700’000 réfugiés. C’est plus que dans aucun autre pays du continent africain. Ils ont fui le Soudan du Sud, la Somalie ou l’Erythrée et vivent désormais dans des pays limitrophes relativement stables mais pauvres.

C’est le cas de Mariam Mohamed Omar, qui a raconté son histoire à la conseillère fédérale. Elle avait un commerce à Mogadiscio, juste en face du palais présidentiel. Comme ses clients étaient pour la plupart des soldats gouvernementaux, elle s’est retrouvée dans le viseur des milices shebab. Un soir de décembre, trois hommes masqués ont attaqué la famille.

“Je n’avais pas le choix”

Mariam pleure en racontant comment ses parents et son frère ont été tués devant ses yeux. Elle-même a été gravement blessée, comme peuvent en témoigner ses cicatrices. “Je devais partir. Je n’avais pas le choix”, déclare la jeune femme, aujourd’hui âgée de 28 ans. Elle vit depuis six ans dans le camp de réfugiés de Sheder, avec six de ses enfants et le fils de sa soeur.

La présidente de la Confédération aurait depuis longtemps dû continuer avec la délégation, qui est constamment un peu en retard. Mais elle veut d’abord écouter cette histoire. Mariam la lui a racontée dans la pénombre de sa case. Comparée à d’autres réfugiés, qui vivent dans des abris bricolés, elle est bien installée. Divisé en secteurs et en blocs, le camp du Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés offre une protection. Pas grand-chose d’autre. Surtout pas de perspectives.

Joyeuse agitation

A l’extérieur, la présence de la présidente d’un pays étranger a suscité une grande agitation, bruyante, joyeuse et colorée. Là où la délégation apparaît, on fait signe, on chante et on danse. Certains ont écrit “welcome” sur un bout de carton. La petite ville – 14’000 personnes vivent dans le camp – s’est mise sur son 31.

Ici personne ne semble gêné d’être un objet de curiosité. On se réjouit de la présence de ces exotiques visiteurs, qui ont donné leur avis sur l’infirmerie et l’école. Le temps manque pour visiter le projet d’irrigation. Le convoi démarre, les signes de la main disparaissent dans la poussière.

Famine imminente

Une meilleure route serait souhaitable, a déclaré le matin même le président de la région Somali en accueillant la délégation suisse. Le plus grand problème cependant, c’est le manque d’eau. Actuellement, la famine menace à cause de la sécheresse qui se prolonge. L’Ethiopie, le pays de la famine.

A l’est du pays, la population vit de l’élevage. Vaches, chèvres, chameaux – on ne voit rien d’autre pendant les deux heures de route qui séparent Djidjiga jusqu’au camp de réfugiés. De l’herbe sèche et de temps en temps un arbre. Les bergers poussent les bêtes devant eux à l’aide de bâtons, ce qui blesse la peau des animaux et donne un cuir de mauvaise qualité.

De manière plus générale, la santé des animaux n’est pas très bonne. Un projet de l’Institut tropical et de santé publique Suisse (Swiss TPH) mené conjointement avec l’université de Djidjiga vise à améliorer les conditions de vie des détenteurs d’animaux.

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