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Euro 2016: Suisse – Pologne, le grand jour

(Keystone-ATS) Ecrire l’histoire: telle est l’ambition de Vladimir Petkovic lors de cet Euro 2016. Elle en aura l’occasion ce samedi à Saint-Etienne.

Lors de ce huitième de finale face à la Pologne, les Suisses peuvent, ainsi, mettre un terme à une interminable traversée du désert de… 28’506 jours. Ils n’ont, en effet, plus jamais gagné une rencontre à élimination directe d’un grand tournoi depuis leur succès 4-2 à Paris face à l’Allemagne lors de la Coupe du monde 1934. Victorieux ce 9 juin 1938 sur un doublé de Trello Abegglen et sur des réussites d’Eugène Walaschek et d’Alfred Bickel, les Suisses devaient ensuite s’incliner 2-0 en quart de finale devant la Hongrie, finaliste malheureuse de cette Coupe du monde face à l’Italie.

Samedi, ce n’est pas la redoutable Allemagne de l’Anschluss qui se dressera sur sa route mais une formation qu’elle affrontera pour la première fois dans une phase finale. Une formation qui possède un grand buteur en panne – Robert Lewandowski – et qui n’a pour l’instant pas concédé un seul but en trois rencontres depuis le début du tournoi. Malgré toute sa valeur, la Pologne est à la portée d’une équipe de Suisse qui aura l’occasion d’effacer dans le temple des Verts deux mortifiants souvenirs.

Le plus récent est, bien sûr, cette défaite sur le fil concédée il y a deux ans face à l’Argentine au Brésil. Emmenés par un immense Xherdan Shaqiri, les Suisses avaient longtemps fait jeu égal avec les Argentins avant de céder devant la furia d’une équipe portée par plus de 30’000 spectateurs. Comme celle subie devant l’Espagne lors de la Coupe du monde 1994 aux Etats-Unis, cette élimination en huitième de finale répondait à une certaine logique.

La mère de toutes les défaites

Celle de Hanovre en 2006 face à l’Ukraine, dans un huitième de finale qui restera comme la mère de toutes les défaites, fut le fruit de deux autres facteurs qui, fort heureusement, ne devraient pas se répéter samedi. Les Suisses n’avaient, en effet, bénéficié que trois jours de repos entre leur dernier match du premier tour contre la Corée du Sud et ce huitième de finale à Cologne. Enfin, personne n’a oublié que ce match fut marqué par une erreur tragique de coaching avec le remplacement d’Alex Frei, le tireur no 1 des penalties de l’équipe de Suisse, à la 117e minute par Mario Lustrinelli alors que la séance des tirs au but était imminente.

Samedi, les Suisses auront l’avantage de la fraîcheur. Ce calendrier qui a été bâti pour favoriser en premier lieu les équipes issues groupe A – celui de la France – a offert un répit supplémentaire de 45 heures aux Suisses par rapport aux Polonais. Avant de livrer un quatrième match en deux semaines, un tel avantage est indéniable. Enfin, il convient d’espérer que Vladimir Petkovic saura garder la tête froide dans son coaching pour ne pas commettre l’irréparable. Heureusement, l’ancien mentor du FC Sion laisse l’impression dans cet Euro d’un entraîneur maître de son sujet. Même la presse alémanique commence à susurrer qu’il est bien l’homme de la situation.

Relancer Shaqiri

Il le sera sans aucune discussion s’il emmène la Suisse vers la victoire samedi. Face aux Polonais, le sélectionneur doit répondre à deux défis: relancer Xherdan Shaqiri et trouver un buteur. Transparent depuis le début de cet Euro, Xherdan Shaqiri demeure le seul joueur suisse vraiment capable de faire des différences sur le plan individuel. Il l’a prouvé encore le mois dernier à Genève face à la Belgique. Samedi à Saint-Etienne, il doit redevenir ce joueur imprévisible, capable de surgir entre les lignes pour désarçonner n’importe quelle défense comme il était si bien parvenu à le faire en novembre 2014 lors du 2-2 de Wroclaw face à ces mêmes Polonais.

Pour la question du buteur, tout indique que Vladimir Petkovic redonnera une chance à Haris Seferovic. Malheureux contre l’Albanie et la Roumanie, le Lucernois n’a pas démérité dans le jeu. Il offre sur le plan technique davantage de garanties que Breel Embolo. Il lui reste à retrouver son sang-froid devant le goal. S’il témoigne samedi du même qu’il a affiché devant la presse depuis le début de cet Euro, tous les espoirs sont permis.

Enfin comme n’importe quel joueur de tennis superstitieux, il est interdit d’évoquer le tableau de cette phase finale de l’Euro qui a placé la Suisse du bon côté: celui qui ne comporte aucun Champion du monde, celui où tout sera possible. Il sera bien temps de l’évoquer samedi avec un éventuel quart de finale contre le vainqueur de Croatie – Portugal.

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