Des perspectives suisses en 10 langues

Facebook: le professeur Aleksandr Kogan défend ses activités

Aleksandr Kogan déclare n'avoir "jamais entendu un mot" d'opposition à ses activités de la part de Facebook (archives). KEYSTONE/AP/MATT ROURKE sda-ats

(Keystone-ATS) Aleksandr Kogan déclare n’avoir “jamais entendu un mot” d’opposition à ses activités de la part de Facebook. Le psychologue est à l’origine d’une application utilisée par Cambridge Analytica pour recueillir les données de 50 millions d’utilisateurs du géant américain.

M. Kogan doit être entendu mardi par une commission parlementaire britannique qui enquête sur le scandale et l’interrogera sur ses liens avec la firme britannique Cambridge Analytica (CA).

Selon Facebook, les informations auraient été récupérées via une application de tests psychologiques du chercheur russe. Téléchargée par 270’000 utilisateurs du réseau social, “This Is Your Digital Life” a permis d’accéder aux données de leurs amis.

Ces dernières auraient ensuite été fournies indûment à la firme britannique Cambridge Analytica (CA) et utilisées pour élaborer un logiciel permettant de prédire et d’influencer le vote des électeurs afin de peser dans la campagne présidentielle de Donald Trump.

Bouc émissaire

Facebook affirme avoir été trompé. M. Kogan, enseignant en psychologie à l’université de Cambridge et également employé par l’université russe de Saint-Pétersbourg, estime, lui, servir de bouc émissaire à la compagnie américaine.

Dimanche soir, dans l’émission “60 Minutes” de la chaîne CBS, M. Kogan s’est dit “sincèrement désolé” pour la récupération des données, expliquant que l’impression générale existante à l’époque était que les utilisateurs du réseau social savaient que leurs données étaient vendues et partagées.

“Nous pensions alors que ça allait”, a dit M. Kogan. “Je pense que notre idée principale – que tout le monde savait et que personne ne s’en souciait – était fondamentalement fausse. Et pour cela, je suis sincèrement désolé.”

“Voyou”

Le psychologue a également accusé Facebook de faire de lui un développeur “voyou”. “J’avais des conditions d’utilisation durant un an et demi selon lesquelles je pouvais transférer et vendre les données. On ne m’a jamais rien dit”, a-t-il assuré. “Facebook ne s’en est réellement jamais soucié.”

“La conviction générale dans la Silicon Valley et certainement la nôtre à ce moment-là, c’était que le grand public devait être au courant du fait que ses données étaient vendues et partagées pour leur adresser de la publicité.”

Interrogé à propos de la récolte de données d’amis des utilisateurs de son application sans leur permission, M. Kogan a estimé qu’il s’agissait d’une “caractéristique centrale” de Facebook depuis des années et que “des dizaines de milliers” d’applications partageaient cette pratique. “Ce n’était pas une autorisation spéciale qu’il s’agissait d’obtenir. C’était juste quelque chose qui était disponible pour quiconque le souhaitait et était un développeur”, a-t-il expliqué.

Monopole

En Allemagne, Facebook est en situation de monopole, regrettent des responsables du parti de la chancelière allemande Angela Merkel. Ces derniers appellent à réduire cette domination devenue “critique”.

Dans les colonnes du journal populaire Bild, Thomas Jarzombek, chargé du numérique au sein du groupe parlementaire chrétien-démocrate (CDU), préconise que les non-membres de Facebook puissent communiquer avec les membres du réseau social de la même manière que les clients de deux opérateurs téléphoniques concurrents peuvent se parler ou échanger.

En Grande-Bretagne, un expert financier, habitué des plateaux de télévision, a lancé lundi une action en justice pour diffamation contre Facebook. Martin Lewis, fondateur de MoneySavingExpert, accuse le groupe américain d’avoir laissé publier des dizaines d’annonces usurpant son identité.

Son intention, en portant plainte, est de créer un précédent. Il reversera tous dommages et intérêts gagnés à des associations caritatives.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision