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Fin de parcours présidentiel pour Dilma Rousseff au Brésil

"Nous reviendrons", a lancé Dilma Rousseff, avant d'ajouter: "Il ne s'agit pas d'un adieu, mais d'un 'à bientôt'". KEYSTONE/AP/LEO CORREA sda-ats

(Keystone-ATS) La présidente du Brésil Dilma Rousseff a été définitivement destituée mercredi par une majorité de plus des deux tiers requis des sénateurs, au terme d’une procédure juridico-politique hautement controversée. Elle était accusée de maquillage des comptes publics.

Cette destitution met fin à 13 ans de gouvernements de gauche dans le plus grand pays d’Amérique latine. Après six jours de procès politique devant le Sénat, 61 parlementaires sur 81 ont voté pour la destitution de la dirigeante de gauche, élue en 2010, et 20 contre.

Michel Temer, son ex-vice-président de centre-droit qui a précipité sa chute, a prêté serment lors d’une courte cérémonie au Sénat, quelques heures après le vote de destitution. Il devra diriger un Brésil dans la tourmente jusqu’aux prochaines élections législatives et présidentielles fin 2018.

“Dilma Rousseff a commis des crimes de responsabilité importants (…), elle a été condamnée et perd ainsi son mandat de présidente de la République”, a conclu le président de la Cour suprême (STF) Ricardo Lewandowski. Il dirigeait les débats du Sénat transformé pour l’occasion en tribunal.

Elle reste éligible

Mme Rousseff a en revanche conservé ses droits civiques à la faveur d’un second vote, où la majorité des deux tiers requises pour l’en priver pendant huit ans n’a pas été atteinte. Seuls 42 sénateurs ont voté pour, 36 contre et 3 se sont abstenus.

“Cela signifie qu’elle reste éligible. Elle pourra être candidate à des mandats de sénatrice, de députée, mais pas à la présidence en 2018 puisqu’elle a déjà été élue pour deux mandats consécutifs”, a expliqué un universitaire en droit de Rio, Rogerio Dultra dos Santos.

“Nous reviendrons”

L’ex-dirigeante a suivi le vote depuis sa résidence du palais de l’Alvorada en compagnie de son mentor, l’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva. Après le vote, elle a dénoncé “un coup d’Etat parlementaire” commis par le Sénat et a prévenu qu’elle reviendrait.

“Nous reviendrons” a-t-elle lancé, avant d’ajouter: “Il ne s’agit pas d’un adieu, mais d’un ‘à bientôt'”. “Le Sénat a pris une décision qui entre dans l’histoire des grandes injustices. Il a commis un coup d’Etat parlementaire”, a déclaré l’ancienne guérillera de 68 ans, réaffirmant son “innocence”.

Michel Temer part au G20

Après sa prestation de serment, le nouveau président Michel Temer, 75 ans, devait s’envoler vers la Chine pour participer à un sommet du G20. Il aura pour tâche de redorer le blason terni de la première économie d’Amérique latine, également cinquième pays le plus peuplé de la planète.

Tout aussi impopulaire que sa rivale, il exerçait déjà la présidence à titre intérimaire depuis la suspension de l’ancienne dirigeante le 12 mai par le Sénat.

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