Des perspectives suisses en 10 langues

FORTA, investissement indispensable ou vision passéiste

Instrument financier indispensable ou solution coûteuse et passéiste, le fonds pour les routes nationales et le trafic d'agglomération (FORTA) divise (archives). Keystone/SALVATORE DI NOLFI sda-ats

(Keystone-ATS) Instrument financier indispensable ou solution coûteuse et passéiste, le fonds pour les routes nationales et le trafic d’agglomération (FORTA) divise. Des défenseurs et des opposants au projet ont présenté leurs arguments mardi à Berne.

Nombre d’associations professionnelles, d’organisations politiques ou économiques considèrent que le fonds profiterait à l’économie suisse dans son ensemble. Il est nécessaire pour désengorger les routes, achever les projets d’agglomération et desservir les régions de montagne. Soumis au vote le 12 février, FORTA est un outil “judicieux, équilibré et responsable” a déclaré devant les médias Peter Goetschi, président central du TCS.

Le fonds permettrait selon lui de “construire aujourd’hui la mobilité de la Suisse de demain”. Une opinion qui est bien loin de convaincre l’Association transports et environnement (ATE): il ramènerait le pays à une politique des transports du siècle passé. “Une avalanche de projets routiers insensés menace la Suisse”, prévient l’ATE.

Autoroutes ou agglomérations ?

“Nous n’avons pas besoin de planifier des mégaprojets sous la forme de nouvelles autoroutes, mais de résoudre absolument les problèmes de circulation dans les agglomérations. C’est là que se trouve 75% du trafic”, fait valoir le conseiller national Balthasar Glättli (Verts/ZH).

Or le comité interpartis qui réunit les opposants souligne que 90% du fonds serviraient à financer le réseau autoroutier, le trafic d’agglomération ne bénéficiant que des 10% restants. “C’est absurde”, a tonné M. Glättli (Verts/ZH).

Toutefois pour les défenseurs du projet, outre l’importance fondamentale que revêt FORTA pour l’économie suisse, il permettrait aux collectivités de poursuivre leurs projets d’agglomération. “Cela ne concerne pas seulement les grandes villes”, rappelle la conseillère communale de Bulle Marie-France Roth Pasquier, “mais toutes les communes qui font partie des agglomérations suisses”.

Régions de montagne et périphériques

Les régions de montagne et périphériques appuient aussi la création du fonds, car il favoriserait leur desserte en transports et leur accessibilité. FORTA prévoit notamment d’intégrer 400 kilomètres de routes principales dans le réseau national. “La population locale, tout comme l’économie et les visiteurs en profiteront”, assure Laurent Favre, vice-président du Groupement pour les régions de montagne et conseiller d’Etat neuchâtelois (PLR).

Mais l’ATE refuse que la Suisse investisse une fois encore “aveuglément dans le bitume et le béton”, car un développement exacerbé de la route défigurerait le pays, sans pour autant résoudre les problèmes de circulation actuels et à venir.

Se battant pour une Suisse moderne dotée d’un réseau de transports équilibré, l’association veut privilégier des investissements qui permettent une cohésion plus étroite des réseaux de transport. Elle mise sur une gestion intelligente du trafic à travers le numérique et une meilleure exploitation des infrastructures.

“Razzia sur la caisse fédérale”

FORTA constitue une “razzia sur la caisse fédérale” aux yeux d’Evi Allemann, présidente de l’ATE. Un pillage qui coûterait six fois plus au contribuable que le fonds d’infrastructure ferroviaire (FIF), selon la conseillère nationale (PS/BE).

Le comité interpartis contre le projet, composé avant tout de membres du Parti socialiste et des Verts, déplore que la contribution fédérale au fonds augmente alors que celle des automobilistes diminue. FORTA “empoisonnerait l’avenir”.

De son côté, le directeur du Centre patronal Christophe Reymond met en avant l’importance que revêt ce fonds pour l’économie romande, en particulier dans l’Arc lémanique. Et de citer plusieurs projets majeurs qui pourraient être financés, comme l’élargissement de l’autoroute de contournement de Genève ou celui de la ceinture autoroutière du grand Lausanne, des investissements “nécessaires” selon lui.

Complémentaire au rail

Voulu complémentaire au fonds d’infrastructure ferroviaire accepté par le peuple en 2014, FORTA vise à remplacer et développer des infrastructures désormais obsolètes, résumait en décembre la ministre des transports Doris Leuthard. Outre les partis bourgeois, Confédération, villes et cantons adhèrent au projet.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision