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France: la gauche radicale défile contre le “coup d’Etat social” de Macron

Membre du parlement et leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon a paradé samedi dans les rues de Paris, cherchant à se profiler comme le grand opposant à la politique du président français Emmanuel Macron. Keystone/EPA/YOAN VALAT sda-ats

(Keystone-ATS) Non au “coup d’Etat social”: des dizaines de milliers de manifestants ont défilé samedi à Paris contre la réforme du droit du travail Macron, à l’appel du champion de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon. Il a promis que la bataille ne faisait que commencer.

Selon le chef de file du parti de La France insoumise (LFI), ils étaient 150’000 à adresser “un signal d’une puissance extraordinaire au pays”. La police en a compté cinq fois moins (30’000), mais M. Mélenchon a assuré qu’ils seraient bientôt “un million à déferler sur les Champs-Elysées” contre cette réforme qui vise à accroître la flexibilité du marché du travail dans un pays miné par un taux de chômage de 9,6%.

Le fait que le président français ait paraphé dès vendredi les cinq textes modifiant le complexe code du travail français, riche de plus de 3000 pages, n’a pas refroidi les ardeurs de “JLM”. Les cinq ordonnances ont d’ailleurs été publiées samedi au Journal officiel.

“La bataille n’est pas finie, elle commence!”, a-t-il tonné. “JLM” a dénoncé “un coup d’Etat social par la méthode de la brutalité” qui “pousse à un dumping social terrifiant” où “le contrat de travail ne serait plus une protection, mais une sorte de chiffon de papier”. “Résistance, résistance”, ont scandé les militants, venus de toute la France et portant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire: “On veut vivre, pas survivre” ou “Y’a rien de bon dans le Macron”.

Pas d’incident notable

En amont de la manifestation, brièvement perturbée par des incidents provoqués par les militants radicaux du “black bloc”, mais sinon sans incident notable, Emmanuel Macron avait affiché sa détermination en déclarant: “je crois en la démocratie, mais la démocratie, ce n’est pas la rue.”

“C’est la rue qui a abattu les rois, les nazis”, lui a répondu M. Mélenchon. Drapé dans son écharpe tricolore de député, il s’en est pris directement au chef de l’Etat en dénonçant que “personne n’avait jamais parlé aux Français de cette façon, les traitant de fainéants, d’abrutis”.

Le candidat socialiste à la présidentielle de 2017, Benoît Hamon, a abondé dans le même sens dans le cortège. “La mobilisation va se poursuivre. Dans la fonction publique, dans différents secteurs, la mobilisation s’organise. Les syndicats qui n’avaient pas appelé à manifester commencent à le faire par branche”, a-t-il estimé.

Rendez-vous samedi prochain

La réforme du droit du travail promue par le gouvernement facilite certains licenciements et permet aux entreprises de négocier plus directement avec leurs salariés leurs conditions de travail. Le texte a été longuement négocié pendant tout l’été avec les syndicats et le patronat. Mais sans convaincre ses détracteurs, pour lesquels il rabote des droits sociaux chèrement acquis.

En tête de la fronde, la CGT, l’un des principaux syndicats français, a déjà organisé deux journées de grève et de manifestations dans toute la France les 12 et 21 septembre, avec un succès mitigé. Dopé par son score record à l’élection présidentielle – où il est arrivé en quatrième position avec près de 20% des voix – Jean-Luc Mélenchon comptait faire mieux samedi et ne pas s’arrêter en si bon chemin.

Il a appelé les opposants à la réforme à amener, dès samedi prochain, “des casseroles et faire le plus de bruit possible, là où vous croyez que c’est mieux de le faire.” Il a également appelé les étudiants à se “mettre en mouvement” et salué les actions prévues lundi par les routiers, avant celles des retraités le 28 septembre et des fonctionnaires le 10 octobre.

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