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Fuite vers le haut et concurrence accrue pour les plantes alpines

La renoncule alpestre a perdu un tiers de sa zone de répartition par rapport au début du XXe siècle. Niklaus Zimmermann/WSL sda-ats

(Keystone-ATS) Le réchauffement contraint les plantes alpines à migrer vers le haut. Cette fuite s’accompagne d’une concurrence accrue dont les perdantes sont les plantes de hautes altitudes, selon une étude de chercheurs suisses et autrichiens publiée dans la revue PNAS.

Une équipe de l’Institut fédéral de recherche sur la forêt, la neige et le paysage (WSL), avec des confrères de l’Université de Vienne, a étudié l’aire de répartition de 183 espèces végétales. Les scientifiques ont comparé des observations menées sur plus de 1500 sites en Suisse, Autriche, Italie, Allemagne et Slovénie entre les années 1911 et 1970, ainsi qu’à l’époque actuelle.

En moyenne, en un siècle, le haut et le bas de l’aire de répartition de ces plantes, de même que la moyenne, se sont déplacés de 20 à 35 mètres vers le haut. Une majorité d’entre elles a également profité du surcroît de chaleur, de période de végétation et de nutriments pour proliférer.

Ce mouvement ascensionnel se déroule cependant à des vitesses différentes selon les espèces. Celle de plus basse altitude tendent à monter plus vite, repoussant celles d’altitudes plus élevées qui réagissent plus lentement aux modifications climatiques.

Gagnants et perdants

Les scientifiques ont identifié 33 espèces, comme l’aster des Alpes, qui sont les perdantes de ce processus. Elles occupent désormais un espace réduit par rapport au début des relevés.

La renoncule alpestre a vu sa limite inférieure monter de 385 mètres en moyenne tandis que la limite supérieure ne progressait que de 21 mètres. Résultat: une perte d’un tiers de sa plage d’altitude par rapport au début du XXe siècle. Pour l’anémone des Alpes, cette perte atteint même 43%, sa frontière supérieure étant descendue de 12 mètres.

D’autres espèces en revanche, comme le saxifrage faux orpin, ont étendu leur territoire tant vers le haut que vers le bas. La primevère hérissée affiche quant à elle une baisse de ses frontières supérieure et inférieure.

On se bouscule

“La force de cette étude est que nous avons examiné de nombreuses bases de données provenant de beaucoup de régions alpines différentes, souligne Niklaus Zimmermann”, du WSL, co-auteur de ces travaux, cité lundi dans un communiqué. “Cela nous a permis de mettre en évidence des tendances fiables malgré les différences régionales et propres aux espèces”.

La diversité des espèces de la présente étude permet d’affirmer clairement que la limite inférieure de répartition de nombreuses espèces remonte plus rapidement que la limite supérieure, ce qui implique en général l’occupation d’une plage d’altitude plus étroite qu’auparavant.

La conséquence: aux altitudes élevées, on se bouscule et les espèces de plantes progressant vers le haut imposent une concurrence plus forte aux espèces qui y poussent déjà. Environ 20% des espèces, adaptées principalement aux sites pauvres en nutriments, se révèlent les perdantes de cette évolution, conclut le WSL. Les espèces des étages inférieurs qui colonisent ces espaces feront en grande majorité partie des gagnantes.

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