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Gaza: Réunion d’une partie du monde musulman à Istanbul

Recep Tayyip Erdogan va tenter vendredi de souder une partie du monde arabe pour condamner Israël (archives) KEYSTONE/EPA Bloomberg POOL/SIMON DAWSON / POOL sda-ats

(Keystone-ATS) Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui tire à boulets rouges sur Israël depuis le bain de sang de Gaza, accueille ce vendredi à Istanbul des dirigeants du monde musulman pour faire condamner l’Etat hébreu. Une grande manifestation est annoncée à Istanbul.

Le président turc a dit espérer que ce “sommet extraordinaire” de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) enverrait “un message très fort” alors que la Turquie préside ce groupement, qui s’était déjà réuni en sommet en décembre à l’appel de la Turquie pour condamner la décision du président américain Donald Trump de transférer l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem.

Issu de la mouvance islamo-conservatrice, M. Erdogan se pose en ardent supporteur de la cause palestinienne et ne cache pas son soutien au mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza, bête noire des autorités israéliennes. Ce discours trouve un écho chez l’électorat traditionnel de M. Erdogan, candidat à sa propre succession lors des élections anticipées prévues le 24 juin, et lui a permis de bâtir une certaine popularité dans le monde arabe.

“Si le silence persiste face à la tyrannie israélienne, le monde va s’enfoncer rapidement dans un chaos où les bandits feront la loi”, a-t-il lancé mercredi. M. Erdogan doit par ailleurs s’adresser vendredi à un immense rassemblement populaire de soutien aux Palestiniens auquel il a appelé, sous le slogan de “Halte à l’oppression !”.

Divisions

Mais la réunion d’Istanbul se tient au moment où le monde arabo-musulman est miné par des divisions et des rivalités qui rendent peu probable toute mesure concrète à l’égard d’Israël.

L’Arabie saoudite, dont le ministre des affaires étrangères Adel al-Jubeir est attendu à Istanbul, et ses alliés du Golfe ainsi que l’Egypte, voient d’un mauvais oeil le soutien de la Turquie à des mouvements comme les Frères musulmans et le Hamas, et au Qatar, qu’ils cherchent à isoler.

Ryad et ses alliés, qui semblent avoir assoupli leurs positions vis-à-vis d’Israël, seraient en outre réticents à d’éventuelles actions susceptibles d’aliéner Washington dont ils espèrent le soutien pour endiguer l’Iran chiite, qu’ils voient comme la principale menace dans la région.

Le président palestinien Mahmoud Abbas, qui s’est fait opérer d’une oreille la semaine dernière, n’assistera pas à cette réunion à Istanbul. Il sera représenté par son premier ministre Rami Hamdallah.

Parmi les chefs d’Etat attendus ce vendredi en Turquie figurent le roi Abdallah de Jordanie, le président soudanais Omar el-Béchir ainsi que les émirs du Qatar et du Koweit.

L’Egypte a quant à elle ordonné l’ouverture exceptionnelle durant un mois de la frontière avec Gaza à l’occasion du ramadan. Le président Abdel Fattah al Sissi a justifié jeudi soir sur sa page Facebook cette décision pour, a-t-il dit, “alléger les souffrances” des habitants de l’enclave palestinienne.

Invectives entre Ankara et Tel Aviv

La réunion d’Istanbul se tient au moment où la Turquie et Israël s’écharpent à coups d’invectives et de sanctions depuis le bain de sang de Gaza. Ankara a demandé le départ “provisoire” de l’ambassadeur d’Israël en Turquie Eitan Naeh – qui a effectivement quitté le pays mercredi – et celui du consul général d’Israël à Istanbul. Israël a pris une mesure similaire à l’encontre du consul général turc à Jérusalem.

Rétorquant aux critiques de M. Erdogan, qui l’a accusé d’être à la tête d’un “Etat d’apartheid” et d’avoir du “sang” de Palestiniens sur les mains, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé qu’il n’avait pas de “leçons de morale” à recevoir d’un dirigeant turc qui “comprend le terrorisme et les massacres”.

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