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Genève se dote d’un budget excédentaire plus généreux que prévu

Après plus de douze heures de débat, le Grand Conseil genevois a voté vendredi le budget d'Etat 2019 (archives). KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI sda-ats

(Keystone-ATS) Le Grand conseil genevois a voté vendredi le budget d’Etat 2019 qui présente un excédent de 27,8 millions de francs. La majorité composée de la gauche et du MCG a imposé des dépenses supplémentaires pour la santé et le social.

Le budget a été accepté par 52 voix contre 43 et une abstention après plus de douze heures de débats. L’accord arraché par Ensemble à Gauche a ainsi tenu bon jusqu’au bout. La formation avait annoncé qu’elle voterait le budget pour autant que les dépenses augmentent à hauteur de 25 millions.

Et cette majorité a effectivement réussi à augmenter les dépenses pour les Hôpitaux universitaires de Genève (+8 millions), l’aide et les soins à domicile (+8,2 millions), les EMS (+3,2 millions), l’Hospice général (+7 millions), la protection des mineurs (+500’000 francs) et celle des adultes (+500’000 francs), les infirmières scolaires (+ 500’000). Police secours a obtenu 1 million en plus.

Pas les douzièmes

“Ce budget ne plaît pas à tout le monde, mais il a trouvé une majorité”, a relevé la conseillère d’Etat PLR Nathalie Fontanet. Le gouvernement, qui avait repris à son compte les amendements de la gauche, voulait absolument éviter de tomber sous les douzièmes provisoires. Ce système n’aurait pas permis d’aborder sereinement les importantes réformes à venir, selon Mme Fontanet.

La stratégie du Conseil d’Etat n’a pas plu à la droite. “Vous nous promettez des économies et ensuite vous vous couchez devant Ensemble à Gauche pour faire passer ce budget”, a lancé au Conseil d’Etat l’UDC Eric Leyvraz.

Pour rappel, le premier projet de budget présenté en septembre par le gouvernement affichait un déficit de 89 millions de francs. Des recettes fiscales réévaluées à la hausse (+ 232 millions) avaient permis de proposer un budget excédentaire tout en abandonnant deux mesures d’économie qui visaient les salaires de la fonction publique.

Un maître à penser

Egalement très agacé par la hausse des charges qui atteint 3%, le PDC Jean-Luc Forni a estimé que le gouvernement “déboussolé par les affaires” avait trouvé son maître à penser en la formation d’Ensemble à Gauche. “Il faut rechercher l’efficience avant l’abondance”, a souligné M.Forni.

La même déception émanait des rangs PLR, qui a dénoncé “l’irresponsabilité totale” du gouvernement. “Vous ne pouvez pas reprocher à un groupe d’avoir réussi à trouver une majorité”, s’est défendue la Grande Argentière. Et de rappeler que le budget qui permet de créer 377 nouveaux postes reste malgré tout bénéficiaire.

Les charges s’élèvent à 8,58 milliards et les revenus à 8,61 milliards. Les investissements nets atteignent 757 millions, soit près de 34 millions de moins que prévu étant donné que la majorité a coupé les crédits pour le projet de la prison des Dardelles.

Un budget de compromis

Initiateur de l’accord qui a permis de dégager une majorité, le député d’Ensemble à Gauche Jean Burgermeister a rappelé que “ce budget n’était pas celui de son groupe”. Il n’est pas suffisant pour faire face aux besoins de la population, mais il montre qu’il est possible de rompre avec les politiques de compressions budgétaires, a souligné le député. La gauche radicale n’avait plus voté de budget depuis la fin des années 1990.

Les socialistes et les Verts ont insisté sur la responsabilité des partis gouvernementaux de doter Genève d’un budget. Ils se réjouissent des 25 millions supplémentaires et ont mis en garde contre des éventuelles baisses d’impôts. Enfin, le MCG a accepté ce budget de compromis pour éviter de déstabiliser les institutions.

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