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Hausse des plaintes déposées auprès du Conseil suisse de la presse

Une émission de la SSR consacrée aux médias et intitulée "La guerre de Trump contre les médias" a provoqué une avalanche de plaintes outre-Sarine (archives). KEYSTONE/AP/PABLO MARTINEZ MONSIVAIS sda-ats

(Keystone-ATS) Le nombre de plaintes déposé au Conseil suisse de la presse est en augmentation. Ce dernier en recense déjà une quarantaine depuis début 2017. Une tendance confirmée par le médiateur de la SSR, qui l’explique notamment par une poussée du populisme sur Internet.

Si ce phénomène se poursuit, 2017 sera une année record avec 120, voire 130 plaintes, observe la directrice du Conseil suisse de la presse, Ursina Wey, interrogée par l’ats. L’année dernière, ce nombre s’élevait à 47, toutefois exceptionnellement bas. La moyenne se situe plutôt entre 70 et 80.

Cette tendance peut à nouveau baisser, nuance-t-elle. “Ce chiffre est à relativiser”, confirme le président Dominique von Burg. Cette année, il y a par exemple une personne qui a déposé six plaintes contre des médias sur un point précis, révèle-t-il sans pouvoir en dire davantage.

Cette augmentation pourrait toutefois n’être que la pointe de l’iceberg, car elle ne tient pas compte des plaintes pénales ou civiles à l’encontre de journalistes. Les procédures lancées auprès du Conseil suisse de la presse ne concernent en plus que les médias, rappelle Ursina Wey.

Théorie du complot

Cette progression est également observée du côté de la radio-télévision publique SSR. Le nombre de réclamations enregistrées se monte déjà à 600, note son médiateur alémanique Roger Blum, “un record en chiffres absolus”.

Mais il est dû aux 500 plaintes déposées contre l’émission Arena diffusée en février, intitulée “La guerre de Trump contre les médias”. Le public critiquait le fait que l’animateur – qui s’est disputé avec l’invité – n’avait pas laissé parler l’historien Daniele Ganser, méfiant à l’égard des médias. Selon les critiques, il avait été injustement traité et discriminé.

Un nombre toutefois, là aussi, à relativiser: avec la multiplication des supports sur lesquels le public peut regarder l’émission, ces 500 plaintes ne représentent que 0,2% de l’audience globale, soit 268’000 personnes, dont 166’000 qui l’ont vu en direct, précise un rapport du médiateur publié mardi.

Reste que même si ce nombre est à prendre avec des pincettes, le public s’engage davantage, relève Roger Blum. Il est difficile d’avancer des explications, mais les discussions autour des “fake news” (fausses nouvelles) ainsi que la théorie du complot, peuvent avoir une influence, d’après Ursina Wey.

Davantage de russophiles

Il y a toujours plus de plaintes qui touchent les émissions de politique internationale, comme sur la Syrie, l’Ukraine, la Russie ou les mouvements populaires, à l’instar du Front national, développe Roger Blum. Avec Internet, une partie de la population – également toujours plus russophile, d’après ses observations – se mobilise plus.

D’après cette frange, les médias défendent une vision occidentale, pro-américaine et antirusse. Avec le web, Facebook et les sources d’information qui se multiplient, des communautés de croyances, “un peu comme une religion”, se créent et se renforcent ensemble.

“Une personne entend et lit toujours les mêmes avis”, consolidant son opinion, estime Roger Blum. Certaines positions impopulaires et peu répandues auparavant, comme le populisme, se diffusent aujourd’hui d’une manière plus forte.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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