Des perspectives suisses en 10 langues

Il tire à dix reprises sur la mère de ses deux enfants

Le Tribunal criminel de Genève doit juger un père de famille poursuivi pour assassinat. Il est accusé d'avoir abattu froidement son ex-épouse, avec qui il a eu deux enfants. KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI sda-ats

(Keystone-ATS) Un docteur en droit autrichien de 37 ans doit répondre depuis lundi d’assassinat devant le Tribunal criminel de Genève. Il est accusé d’avoir abattu son ex-femme, en lui tirant dessus à dix reprises. Le prévenu plaide son acquittement.

La ligne de défense de l’accusé se résume à une phrase: “Je ne me souviens pas”, déclare-t-il, lorsqu’on le questionne sur les faits. “Je ne peux pas m’imaginer avoir commis un tel acte”, a-t-il précisé calmement à la présidente du tribunal Catherine Gavin. D’une voix monocorde, sans émotion, il a évoqué la soirée du drame.

Le 13 juin 2014, il a regardé avec son fils de 8 ans un match de football à la télévision, à l’hôtel où il logeait. Il a ensuite ramené le garçon chez sa mère, qui habitait dans le quartier de Sécheron, à Genève. Il a parlé à son ex-épouse dans le hall de l’immeuble, a embrassé son fils, puis le trou noir.

Pour connaître la suite des événements, il faut se référer à l’acte d’accusation. Selon le Ministère public, le prévenu a alors saisi un pistolet dans une sacoche qu’il transportait, a pointé l’arme à bout touchant sur le front de son ex-femme et tiré cinq fois. La victime s’est effondrée. L’accusé a encore visé à cinq reprises sa tête.

Un acte prémédité

Pour l’accusation, le prévenu a prémédité son acte. Il a agi de façon particulièrement odieuse et avec sang-froid. Ses deux enfants se trouvaient dans l’appartement de leur mère, juste à côté. Il est établi que le garçon a entendu les coups de feu. Sa petite soeur de 6 ans devait, quant à elle, être en train de dormir au moment fatal.

Le prévenu a déclaré qu’il avait acheté un pistolet en février 2014 pour que ses parents, à Vienne, puissent se protéger en cas de cambriolage. Il logeait de temps à autre chez eux, lorsqu’il n’était pas à Bonn, à travailler pour l’Institut Max Planck. L’acquisition de cette arme avait été le fruit d’une décision commune.

L’accusé a en revanche été moins précis quand le tribunal lui a demandé pourquoi il avait emporté ce pistolet avec lui à Genève, pour rendre visite à ses enfants. Il a expliqué qu’il s’était exercé à un stand de tir à Vienne, l’avant-veille. “J’ai découvert l’arme dans mon sac en arrivant à Genève”.

Il n’a ensuite pas voulu laisser le pistolet dans le coffre de l’hôtel, quand il a ramené son fils chez sa mère, craignant avoir des ennuis si le personnel de l’établissement découvrait l’arme. “Si j’avais commis cet acte, ce serait horrible. Je n’ai jamais fait de mal à personne”, a-t-il insisté.

Terrible pour tous

Le prévenu a rappelé que la situation actuelle était terrible pour tout le monde. Ses enfants se retrouvent sans leur mère, et ne peuvent voir leur père. “J’aimerais bien dire qu’une tierce personne a commis cela, mais comme je ne me rappelle de rien, je ne peux pas l’affirmer”.

Aujourd’hui, les enfants habitent au Mexique, chez leur grand-mère. Le procès se poursuit toute la semaine. Le Tribunal criminel de Genève rendra son jugement vendredi.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision