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Immigration et droit international: l’UDC fourbit ses armes

Les prochaines campagnes de l'UDC sur l'immigration et la primauté du droit national s'annoncent mordantes. Le parti attaquera le Conseil fédéral en l'accusant de propagande grossière et unilatérale (archives). KEYSTONE/GEORGIOS KEFALAS sda-ats

(Keystone-ATS) L’UDC réactive sa campagne contre la libre circulation des personnes et pour la primauté du droit suisse. Profitant du creux politique de l’été, le parti a convoqué la presse jeudi pour accuser le Conseil fédéral de propagande.

Le peuple doit pouvoir se prononcer sur la poursuite du droit donné à tous les citoyens de l’Union européenne d’immigrer en Suisse, estime l’UDC qui devrait lancer d’ici la fin de l’année une initiative remettant en cause la libre-circulation des personnes. Le parti juge en outre évident que le droit national ait la priorité sur le droit international. Son initiative à ce sujet vient d’être transmise au Parlement.

Les démocrates du centre préviennent d’ores et déjà: ils dénonceront lors des campagnes ce qu’ils considèrent être une propagande “grossière et unilatérale” du Conseil fédéral et de l’administration contre leurs propositions. Dans leur viseur, le rapport annuel du Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) sur la libre circulation et le message du gouvernement sur l’initiative pour l’autodétermination, tous deux récemment publiés.

“Fake news”

Le chef du groupe parlementaire Adrian Amstutz n’y va pas par quatre chemins. Le gouvernement bombarderait les citoyens de “fake news” afin qu’ils se fassent une image positive de la libre circulation. Alors que, selon l’UDC, ses effets sont négatifs. Les autorités passeraient sous silence des faits importants, tireraient de fausses conclusions ou feraient des comparaisons trompeuses.

L’accent serait mis sur les effets utiles de l’immigration et pas sur les coûts énormes provoqués. Le SECO parle par exemple d’un taux de chômage bas en comparaison internationale, alors qu’il est le plus élevé depuis 1945 et qu’il a parallèlement baissé en Allemagne ou au Royaume-Uni. L’UDC décrie aussi l’impact positif de la libre circulation sur la croissance économique.

Selon le conseiller national Manfred Bühler, l’affaire ne fait pas un pli: les taux de chômage plus élevés en Suisse romande résultent de la libre circulation. Le Bernois s’est par ailleurs indigné contre les corrections faites par le SECO pour amoindrir les différences de salaires entre résidents et frontaliers.

Dans la région lémanique, ce calcul aboutit à un solde positif en faveur des frontaliers. Le “lavage de cerveau étatique” ne plaira pas au peuple qui a déjà adopté dans sa majorité l’initiative contre l’immigration de masse, prédit Adrian Amstutz.

Sus à la CEDH

Le conseiller national Alfred Heer affirme pour sa part que le débat sur l’initiative sur l’autodétermination n’est pas équitable. Les personnes qui s’engagent contre ce texte ne doivent pas être financées par l’argent des contribuables. Et le Zurichois de dénoncer l’argent versé par la Confédération pour promouvoir le droit international public, ainsi que la création d’un centre de compétence des droits de l’homme.

Le politicien a des mots très sévères à l’encontre du Conseil de l’Europe et la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), accusés de s’occuper principalement de questions de détail des droits nationaux au lieu d’agir contre les graves violations des droits de l’homme dans certains Etats membres comme la Turquie. Le Conseil de l’Europe n’a pas réussi à résoudre les conflits entre l’Ukraine et la Russie ou entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie.

“Aujourd’hui, les activités de défense des droits de l’homme sont moins utiles aux hommes et aux femmes en danger qu’aux fonctionnaires qui vivent confortablement de leur gestion”. Alfred Heer accuse en outre le Conseil fédéral de ne reprendre les avis de la CEDH que lorsque ce cela l’arrange.

Il n’aurait pas voulu revoir la pénalisation du négationnisme contenue dans la norme antiraciste après que le Turc Dogu Perinçek, condamné en Suisse pour avoir nié le génocide arménien, a eu gain de cause devant la Cour européenne. L’UDC compte sur le Parlement pour prendre les devants.

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