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Infrastructure ferroviaire: la Suisse romande s’estime désavantagée

Au terme de la procédure de consultation, de nombreuses organisations et partis demandent que l'aménagement d'une seconde voie dans le tunnel du Lötschberg soit inclus dans le projet du Conseil fédéral (archives). KEYSTONE/CHRISTIAN BEUTLER sda-ats

(Keystone-ATS) La Suisse romande n’est pas suffisamment prise en compte et le doublement du tunnel du Lötschberg doit être inclus dans le paquet. Telles sont les principales réactions aux plans du Conseil fédéral pour l’aménagement de l’infrastructure ferroviaire.

Le Conseil fédéral veut investir 11,5 milliards de francs dans l’infrastructure ferroviaire à l’horizon 2035, principalement dans la région zurichoise et l’Arc lémanique. Il a aussi mis sur la table une version moins ambitieuse (7 milliards), qui n’a pas sa préférence ni celle des acteurs consultés.

Plusieurs d’entre eux estiment que la variante la plus onéreuse est un minimum. Pour la Conférence des directeurs cantonaux des transports publics (CTP), le grand paquet est “absolument nécessaire”.

L’organisation de défense des intérêts des usagers Pro Rail et la Conférence des transports de Suisse occidentale (CTSO) suggèrent même d’augmenter l’enveloppe à 13 milliards. Pour la CTSO, “tous” les projets-clés de la Suisse occidentale pourraient ainsi être intégrés au paquet.

Suisse romande mécontente

Elle estime en effet que la répartition des investissements entre les régions n’est pas équitable. Alors que la Suisse occidentale représente 40% des habitants, des emplois, de la superficie géographique et du réseau ferré, seuls 21% des 11,5 milliards prévus par le Conseil fédéral lui sont consacrés.

“Ce n’est pas acceptable”, écrivent la CTSO et Ouestrail. Toutes deux rappellent que la Suisse occidentale est toujours en cours de rattrapage de son retard dans le développement de l’offre et des infrastructures ferroviaires. Pro Rail dénonce pour sa part une focalisation trop importante sur l’agglomération zurichoise et l’Arc lémanique.

Large soutien pour le Lötschberg

Le renoncement au doublement de la voie du tunnel du Lötschberg fait l’objet de vives critiques. De nombreux acteurs, dont l’entreprise de transports BLS, l’Union des transports publics (UTP), Pro Rail, ainsi que les principaux cantons concernés, l’UDC, le PDC, le PS, les Verts et les Vert’libéraux exigent que ce projet soit inclus dans le paquet de mesures.

L’aménagement d’une seconde voie porte essentiellement sur la mise en place de l’équipement ferroviaire dans le tronçon de tunnel déjà excavé. Un avant-projet existe et les travaux pourraient débuter en 2020, explique le Comité du Lötschberg. Pour lui, “un délai supplémentaire est insensé”.

En tant qu’alternative au Gothard, le tunnel du Lötschberg est important pour la redondance du réseau; élément indispensable pour éviter la paralysie en cas d’incident comme l’a rappelé l’interruption l’an passé durant plusieurs semaines de la ligne ferroviaire entre Bâle et Karlsruhe (D).

Cet argument a été avancé par plusieurs acteurs, dont le comité du Lötschberg, l’UDC, le PS et les Verts. Ces derniers et le PS relèvent également que l’aménagement du tunnel du Lötschberg, et l’augmentation de capacités qui en résultera, est indispensable pour respecter l’objectif de limiter à 650’000 le nombre de camions qui traversent les Alpes chaque année.

Coûts d’entretien

De leur côté, les CFF soutiennent la décision du Conseil fédéral de repousser l’aménagement du Lötschberg. Ils estiment que la rentabilité du projet doit encore être améliorée afin que les transports publics restent accessibles.

Les CFF ont à l’esprit les frais d’entretien qu’entraîneraient un tel projet: quatre millions par année pour un investissement de 100 millions de francs. La question des frais d’entretien préoccupe également les Vert’libéraux et le PLR.

Pour ce dernier, il est primordial qu’ils soient pris en compte dans le paquet de mesures. Les Vert’libéraux estiment que de nouvelles infrastructures ne doivent être construites que lorsqu’elles bénéficient au plus grand nombre et qu’il n’existe pas de solution numérique ou meilleure marché.

Incompatible avec la mobilité du futur

A contre-courant de tous, l’UDC rejette en bloc les deux variantes proposées par le Conseil fédéral. Selon elle, il convient surtout d’investir progressivement dans les lignes longues distances, rentables. La majeure partie de l’infrastructure ferroviaire coûte cher aux CFF et par conséquent à la Confédération, écrit-elle.

Pour l’UDC, la mobilité, en particulier régionale et urbaine, se développe dans une autre direction: voitures et bus autonomes, autopartage etc. Ces évolutions nécessitent plus de routes et de places de parc et non pas davantage de rails, souligne le parti.

Pour leur part, le PS et le PDC demandent que les hausses de tarifs soient évitées autant que possible afin de maintenir l’attractivité du transport ferroviaire. L’Association des communes suisses, Pro Rail, les Verts et le PS saluent la décision de donner la priorité aux gains de capacités plutôt que de temps. Pour le PLR, cela ne doit toutefois pas occulter le besoin de mieux répartir la demande.

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