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Irak: Qaraqosh célèbre ses premières Pâques après l’EI

Un milicien chrétien monte la garde durant la messe de Pâques à Qaraqosh. KEYSTONE/AP/MAYA ALLERUZZO sda-ats

(Keystone-ATS) En ce dimanche de Pâques à Qaraqosh, seul le son des cloches d’une église dont les murs sont toujours recouverts de graffitis à la gloire du groupe Etat islamique (EI), viennent perturber le calme régnant sur cette ville irakienne quasiment déserte.

Pour les fidèles venus célébrer Pâques dans cette ville reprise en octobre aux djihadistes, cette messe à l’église Mar Yohanna est très symbolique, même si la majorité des habitants de Qaraqosh – qui comptait quelque 50’000 chrétiens avant sa conquête par l’EI durant sa vaste offensive de l’été 2014 – sont toujours déplacés.

Quand l’EI s’est emparé de Mossoul, la deuxième ville du pays, et des localités environnantes, les djihadistes ont laissé trois options à la minorité chrétienne: se convertir, payer une forte taxe ou mourir.

Infrastructures détruites

“La messe d’aujourd’hui est porteuse de beaucoup d’espoir pour le retour de tous les habitants”, souligne Qazwan Boulos Moussa, entouré de sa femme et ses trois enfants. “Nous avons été la première famille à revenir dans la ville, et environ quatre autres nous ont suivis, mais la vie est difficile”, confie-t-il.

Les services de base font encore défaut à Qaraqosh, affirme le père Charbel Aisso qui célébrait la messe. “L’infrastructure a été détruite et il n’y a ni eau ni électricité”.

Une centaine de personnes ont assisté à la messe. C’est un peu moins qu’à l’occasion du dimanche des Rameaux il y a une semaine dans une autre église de Qaraqosh.

Acharnement

Milad Mansour, un membre des Unités de protection de la plaine de Ninive – une petite milice chrétienne assyrienne chargée de protéger la ville – est fier de faire carillonner les cloches de l’église.

Pour lui, la victoire sur les djihadistes a tout autant une importance militaire que religieuse. “La véritable victoire est celle de Dieu sur Satan”, dit-il.

Qaraqosh, également connue sous le nom de Hamdaniya ou Bakhdida, était l’une des plus importantes villes chrétiennes en Irak. L’EI s’était acharné sur ses édifices religieux, faisant tomber les clochers ou brisant les icônes et les crucifix.

“C’est ma première messe à Qaraqosh depuis que j’ai été déplacé il y a trois ans”, raconte Anwar Youssef qui, malgré les destructions qu’a subies sa ville, garde l’espoir. “Nous sommes ici pour dire que notre message est un message de paix et que nous n’avons que de l’amour à offrir”.

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