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Jim Jarmusch et Iggy Pop, doigts d’honneur et souffle rock

Sourd ou pas sourd Iggy ? That is the question. KEYSTONE/EPA POOL/GUILLAUME HORCAJUELO sda-ats

(Keystone-ATS) Punks jusqu’au bout des doigts, Jim Jarmusch et Iggy Pop ont fait souffler un vent de rock sur la Croisette jeudi avec “Gimme Danger”. Un documentaire en forme de “lettre d’amour” du réalisateur américain à l’ancien Stooges.

Les deux sexagénaires, visiblement très complices, ont mis le feu au “photocall”, la traditionnelle séance photo réservée aux équipes de films. Iggy Pop lardé de cuir noir sur un T-shirt blanc et le cinéaste à la crinière blanche et aux éternelles lunettes teintées ont multiplié, tout sourire, les doigts d’honneur à Cannes.

Fidèle à sa légende, “l’iguane” Iggy Pop, 69 ans, n’excluait pas de fouler torse nu le tapis rouge jeudi soir avant d’assister, lors d’une séance spéciale à minuit, à la projection de “Gimme Danger”.

Tourné comme une “lettre d’amour” aux Stooges dont l’énergie a annoncé dès le tournant des années 1970 l’arrivée du punk, le film de Jim Jarmusch est d’une facture assez classique. Les interviews de celui qui est l’une des dernières légendes vivantes du rock et de ses proches alternent avec des images d’archives, certaines inédites, de l’enfance de James Osterberg jusqu’au succès mondial.

Iggy dans une buanderie

“Pour moi, il s’agit simplement du plus grand groupe de rock de l’histoire”, a déclaré Jim Jarmusch jeudi en conférence de presse. “Le film est une sorte de collage, notre intention était de nous rapprocher de la musique des Stooges”, a-t-il confié.

L’histoire est narrée par la voix caverneuse du chanteur de “I wanna be your dog” et “No fun”, s’amusant à l’évocation des émissions de télévision qu’il regardait ou de la caravane où il vivait avec ses parents. On suit ensuite l’émergence puis le succès des Stooges.

Le réalisateur, qui a déjà fait tourner Iggy Pop dans “Coffee and Cigarettes” et “Dead Man”, l’a mis cette fois en scène assis dans une buanderie ou sur un fauteuil, pieds nus. Mais ce sont surtout les images des concerts déjantés et sans limite d’Iggy Pop et des Stooges qui donnent l’essentiel de son énergie au documentaire.

Ton badin

“J’ai vu le film pour la première fois hier (mercredi) soir, et ça m’a beaucoup marqué. Je me suis dit ‘Oh mon Dieu, je suis un produit de cette époque’!”, a commenté Iggy Pop, qui est par ailleurs en pleine tournée pour son dernier album “Post Pop Depression”.

En conférence de presse, il a fait répéter plusieurs questions et a plaisanté sur sa surdité tout en assurant préférer un petit verre de vin à la drogue. “Quand je ne travaille pas, je me couche tôt…”, a prétendu le rocker. Avant de sourire: “Non, ce n’est pas vrai !”.

Fan de rock, Jarmusch, 63 ans, avait déjà réalisé un documentaire sur une tournée de Neil Young, “Year of the Horse”, en 1997.

“Gimme Danger”, présenté hors compétition à Cannes, est le second film de Jim Jarmusch projeté à Cannes cette année. Le premier, “Paterson”, un essai poétique qui relate la semaine ordinaire et banale d’un chauffeur de bus, concourt pour la Palme d’Or.

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