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Kraft Heinz renonce à racheter Unilever

Unilever avait sèchement rejeté vendredi l'offre de Kraft Heinz, la jugeant trop faible (archives). KEYSTONE/EPA ANP/LEX VAN LIESHOUT sda-ats

(Keystone-ATS) Le groupe américain Kraft Heinz a accepté “à l’amiable” de renoncer à créer un mastodonte mondial de la grande consommation en rachetant l’anglo-néerlandais Unilever. Kraft avait créé la surprise vendredi avec son offre de rachat, aussitôt sèchement rejetée.

Dans leur bref communiqué commun dimanche, les deux entreprises ne donnent aucune raison pour expliquer la fin de leurs discussions: “Kraft Heinz a accepté à l’amiable de retirer sa proposition pour rapprocher les deux entreprises”. “Unilever et Kraft Heinz se tiennent respectivement en haute estime. Kraft Heinz a le plus grand respect pour la culture, la stratégie et la direction d’Unilever”, assure encore le texte commun.

La proposition de Kraft Heinz valorisait Unilever, propriétaire, entre autres des thés Lipton et des savons Dove, à quelque 143 milliards de dollars. Le groupe anglo-néerlandais l’avait jugée trop faible, disant n’y voir “aucun avantage, qu’il soit financier ou stratégique” pour ses actionnaires.

Kraft Heinz s’était toutefois initialement obstiné, disant toujours espérer “pouvoir conclure un accord sur les termes d’une transaction”.

Trop difficile

L’action Unilever, aussi bien cotée à Londres qu’à Amsterdam, avait terminé vendredi sur un bond de plus de 13%, inscrivant au passage un record. Le titre Kraft Heinz avait de son côté fini sur une hausse de plus de 10% vendredi à Wall Street à la suite de l’annonce de son offre.

Selon des personnes proches du dossier, sous couvert d’anonymat, Kraft Heinz a retiré son offre car l’entreprise a eu le sentiment qu’aboutir à un accord avec Unilever allait être trop difficile après que son intérêt a été rendu public si tôt dans le processus d’approche de sa cible.

Le groupe américain a été contraint, au regard de la réglementation britannique sur les fusions et acquisitions, d’annoncer publiquement son projet de rachat d’Unilever après que des rumeurs à ce sujet ont commencé à circuler parmi les courtiers.

Theresa May inquiète?

Un mariage des deux multinationales serait arrivé au troisième rang du classement des plus grosses fusions d’entreprises jamais conclues dans le monde. Il serait le plus important rachat d’une entreprise basée au Royaume-Uni.

Signe du caractère sensible de ce dossier, le Financial Times rapportait dimanche, avant l’annonce de renonciation, que la Première ministre britannique Theresa May avait demandé à des membres de son équipe gouvernementale de passer en revue le projet de reprise.

Theresa May aurait demandé à des responsables de voir si la transaction pouvait avoir des implications pour l’économie britannique dans son ensemble et, éventuellement, justifier une intervention de l’Etat. Le bureau de Mme May a refusé de commenter l’article.

L’an dernier, lors de la campagne pour accéder au pouvoir, Theresa May avait critiqué le rachat du fabricant de chocolat britannique Cadbury par Kraft en 2010. Elle avait accusé le groupe américain de n’avoir pas respecté sa promesse de maintenir ouverte une usine dans le sud-ouest de l’Angleterre.

Elle avait alors dit que le gouvernement ne devait pas automatiquement empêcher le rachat de sociétés britanniques par des firmes étrangères. Mais elle soutenait qu’il devait intervenir pour défendre des secteurs importants.

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