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L’économie verte va stimuler l’emploi mais décimer l’agriculture

De nombreux emplois vont être lancés dans le secteur énergétique dans le monde (archives). KEYSTONE/EPA/ROMAN PILIPEY sda-ats

(Keystone-ATS) Une économie plus durable pourra aboutir à une augmentation nette d’environ 25 millions d’emplois dans le monde, notamment aux Etats-Unis qui doivent sortir de l’Accord sur le climat. Mais ce chiffre ne mentionne pas l’agriculture qui en perdra 120 millions.

Selon le rapport Emplois et questions sociales dans le monde de l’Organisation internationale du travail (OIT) publié lundi à Genève, des politiques plus durables devraient aboutir à près de 25 millions de nouveaux emplois d’ici à 2030. Auxquels s’ajoutent six millions liés à une “économie circulaire” (recyclage, réparation, location ou réutilisation) qui compensent d’autant les suppressions de certains postes attendues.

Sur 163 branches économiques, seule une quinzaine devraient subir des suppressions de plus de 10’000 emplois. L’extraction pétrolière et le raffinage vont toutefois reculer d’un million de postes ou plus. Mais 2,1 millions d’emplois nets devraient être ajoutés sur l’électricité.

Mais ces chiffres ne prennent pas en compte les conséquences sur une agriculture “plus respectueuse de l’environnement”. Celle-ci aboutira à une baisse de 120 millions d’emplois dans le monde, a admis la responsable du rapport Catherine Saget. Seule l’Europe serait épargnée avec une augmentation de 7 millions d’emplois dans ce secteur.

Par régions, la hausse hors agriculture devrait atteindre près de 15 millions en Asie/Pacifique, trois sur le continent américain et deux en Europe. En revanche, le Moyen-Orient devrait subir une perte nette de 0,48% d’emplois et l’Afrique de près de 0,05%.

Recul de la productivité avec le réchauffement

Aux Etats-Unis, près de 2 millions de nouveaux emplois seraient eux lancés contre une perte de 250’000 autres. “La transition énergétique est urgente. Elle va lancer des emplois”, a dit devant la presse Mme Saget qui n’a toutefois pas mentionné l’agriculture dans son évaluation.

Impossible pour elle de chiffrer le coût de cette adaptation à l’économie verte. Mais “un investissement par exemple dans la protection sociale peut contribuer à une augmentation de la productivité et à une réduction des inégalités”, insiste-t-elle.

Alors même que les désastres naturels ont provoqué sur une quinzaine d’années le recul de 0,8% du travail par an. Et que l’augmentation des températures doit encore aboutir à une diminution de 2% des heures travaillées d’ici 2030 en raison des maladies.

Les nouveaux emplois doivent porter notamment sur l’énergie, du changement des composantes de la consommation aux véhicules électriques en passant par l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments.

Plusieurs accords

“L’économie verte peut permettre à des millions de personnes supplémentaires de surmonter la pauvreté”, selon la directrice générale adjointe de l’OIT Deborah Greenfield. L’OIT demande aux gouvernements d’aider les travailleurs à s’adapter aux compétences demandées. Une condition pour atteindre une transition énergétique, selon Mme Paget. Notamment dans les pays à revenus bas ou intermédiaires.

Plusieurs conventions internationales de l’OIT oeuvrent pour des avancées vers les emplois décents dans le monde. Mais “nous n’avons pas d’instrument intégré” sur cette question durable, dit Mme Saget.

L’OIT recommande un mélange entre transferts financiers, assurance sociale renforcée et davantage d’énergies renouvelables pour atteindre davantage de croissance économique et une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le dialogue social doit contribuer à ce dispositif, dit-elle.

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