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L’élevage d’oies, un marché de niche en Suisse

(Keystone-ATS) L’élevage d’oies de pâturage est devenu un marché de niche en Suisse grâce à une association créée en 2013. Le volatile ne finit pas en foie gras, le gavage étant interdit depuis 1978, mais il est une alternative de luxe à la dinde encore méconnue des Romands.

A ses débuts, l’initiative “Oie de pâturage suisse” regroupait 18 agriculteurs pour 1110 oies en Suisse. Ces chiffres ont plus que doublé en deux ans. L’association devenue un label compte désormais près de 2800 oiseaux élevés par 44 agriculteurs de Suisse romande et alémanique, indique Dominik Füglistaller, responsable du financement.

C’est un produit de niche qui a du potentiel, estime le jeune homme. L’association reçoit le soutien des grands distributeurs suisses. Chaque année, Coop vend environ 400 oies indigènes durant les Fêtes. Les ventes ont légèrement augmenté, parallèlement à la notorié croissante du label, selon le porte-parole Ramon Gander.

Migros a rejoint le mouvement cette année, mais ne communique pas de chiffres. L’oie rencontre moins de succès que la dinde, dit Michèle Hungerbühler, porte-parole du géant orange: les ventes sont vingt fois inférieures. Grâce à sa provenance suisse, elle devrait toutefois gagner du terrain au détriment de la dinde.

Produit exclusif

Mais ce palmipède a un prix. Vendu à la pièce chez Coop et Migros, il est 1,5 à 2 fois plus cher que la dinde. Chez le paysan, la somme à débourser est pratiquement la même. “C’est un produit exclusif”, souligne le président de l’association Jungo Benno.

Les éleveurs d’oies de pâturage suisses détiennent en moyenne entre 20 et 100 spécimens. Il s’agit d’un élevage intéressant pour les paysans qui disposent d’infrastructures vétustes inutilisées et de pâturages.

L’association prépare un livre de recettes car “les gens se demandent souvent comment préparer une oie”, confie Dominik Füglistaller. L’oie se déguste notamment rôtie, braisée ou en terrine. Sa chair est savoureuse, plutôt foncée et filandreuse, ajoute-t-il.

Le facteur de nouveauté et l’envie de goûter le produit jouent un rôle important. Avant la création de l’association, l’offre était pratiquement inexistante en Suisse. Malgré une croissance constante, qui devrait se poursuivre dans un avenir proche, il semble peu probable que l’oie devienne un repas de Noël traditionnel en Suisse comme la fondue chinoise, estime M. Füglistaller.

Seuls trois éleveurs romands

Tradition du nord de l’Europe, l’oie se mange entre la Saint-Martin (11 novembre) et Noël. Ce mets est plus connu des régions germaniques, contrairement à la dinde qui se vend nettement plus en Suisse romande qu’en Suisse alémanique, selon Urs Meier, porte-parole de Coop. Amateurs de foie gras, les Romands connaissent pourtant bien l’oie.

Dominik Füglistaller y voit un potentiel certain. “Il faut montrer qu’il existe des alternatives au foie gras et que l’oie se savoure aussi sous d’autres formes”. L’association ne dénombre pour l’instant que trois éleveurs romands. “La Mecque de l’oie” se situe à Berne et en Suisse orientale.

Le responsable du financement admet que les cantons romands ne sont pas bien représentés. En mars, le comité de l’association doit se pencher sur la stratégie, qui vise entre autres une meilleure implantation en Suisse romande.

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