Des perspectives suisses en 10 langues

L’évacuation du camp d’Idomeni se poursuit dans le calme

Des réfugiés évacués d'Idomeni attendent d'être enregistrés dans un camp d'accueil (archives). KEYSTONE/EPA ANA-MPA/KOSTAS PAPADAKIS sda-ats

(Keystone-ATS) La police grecque a repris mercredi matin son opération d’évacuation du camp d’Idomeni, à la frontière avec la Macédoine. Depuis mardi, elle a déjà transféré plus de 2600 migrants vers des centres d’accueil proches, mais le rythme semblait se ralentir.

La police, qui a déployé pour l’occasion 700 membres des forces de l’ordre assistés d’un hélicoptère a repris l’évacuation à 07h00 (06h00 suisses), a indiqué à l’AFP une source policière. Les départs se poursuivaient dans le calme.

Le rythme s’était toutefois ralenti mercredi, avec 600 personnes parties à bord de bus en milieu d’après-midi, selon la police. Mardi, la police avait organisé les départs de 2031 migrants et réfugiés, sur 8400.

L’opération, saluée par la Commission européenne, vise, en principe sous une semaine, au démantèlement du camp improvisé dans des conditions sordides, devenu un symbole de la fermeture des frontières européennes après la porte ouverte de l’été.

Ecarter les récalcitrants

La police entend aussi empêcher d’éventuels récalcitrants de continuer à rester près de la frontière, a relevé la source policière. C’est pourtant bien ce qu’entendait faire Djohana, une enseignante syrienne d’Idleb voyageant avec son mari et décidée à s’installer dans un hôtel proche du camp.

“J’attends depuis trois mois d’intégrer le programme de relocalisation” de l’UE. “J’ai essayé des milliers de fois”, mais cela ne marche pas, a-t-elle affirmé. “Je crois que c’est juste un mensonge pour nous clouer en Grèce pour toujours”, a-t-elle affirmé à l’AFP.

Sentiments mitigés

“Il y a des sentiments mitigés parmi les réfugiés (…), beaucoup sont assez tristes parce qu’ils ne pensaient pas aller dans un autre camp, ils espéraient une solution meilleure et durable”, a ajouté Vicky Markolefa, représentante à Idomeni de Médecins sans Frontières (MSF). Idomeni était devenu une nasse migratoire après la fermeture en mars de la route des Balkans.

S’ils sont Syriens et Irakiens, les réfugiés d’Idomeni sont en principe éligibles à la répartition dans l’UE, raison pour laquelle Athènes insiste à les encadrer dans les centres organisés, mais ce plan européen marque le pas.

Ajournée plusieurs fois, l’évacuation d’Idomeni a finalement été lancée après l’ouverture de plus de 6000 places d’accueil dans la région. Les premiers partants ont été transférés dans plusieurs centres situés à Sindos, une zone industrielle de Thessalonique, la métropole du nord du pays.

Une centaine d’entre eux ont toutefois refusé mardi de s’y installer, préférant gagner le centre-ville, selon une source policière.

Conditions déplorables

“Nous tâchons de séparer les nationalités, pour éviter les frictions entre elles, récurrentes ces derniers temps, a précisé la même source policière. La police a décompté 662 Syriens, 1273 Kurdes (syriens, irakiens et turcs) et 96 Yazidis parmi les migrants déplacés mardi.

Mais l’ONG Save the Children a exprimé mercredi de “sérieuses inquiétudes” sur les conditions prévalant dans les nouveaux centres, “dont beaucoup manquent de services de base, y compris pour la nourriture et l’eau”, et l’hygiène.

Les ONG restées à Idomeni affirmaient pour leur part avoir du mal à continuer à nourrir et soigner les campeurs restants au vu des réductions de personnel imposées par les autorités.

Il y a actuellement plus de 54’000 migrants bloqués en Grèce, selon les estimations du gouvernement. Outre ceux du continent, plus de 8000 d’entre eux sont coincés sur les îles, dans l’attente de possibles renvois en Turquie dans le cadre de l’accord UE-Ankara visant à tarir les arrivées migratoires en Egée.

Naufrage près de la Libye

Au large des côtes libyennes, au moins cinq personnes sont mortes dans le naufrage d’un bateau de migrants, a annoncé mercredi dans un communiqué la Marine italienne, qui a pu en sauver plus de 550. Qu total, 5600 personnes ont été secourues lors des dernières 48 heures au large de la Libye, ont précisé mardi les garde-côtes italiens.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision