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L’accord en route pour le vote au Parlement, malgré des défections

(Keystone-ATS) L’accord entre la Grèce et ses créanciers devait être adopté mercredi soir au Parlement grec, avec un risque pour le Premier ministre Alexis Tsipras de perdre sa majorité. La journée a été marquée par une première défection au sein de son gouvernement et une grève.

Nadia Valavani, députée et cadre de Syriza, a remis son portefeuille de ministre adjointe des Finances, écrivant à M. Tsipras: “La solution qui nous est imposée aujourd’hui d’une façon si déprimante, n’est pas viable. Ni pour eux (l’Europe), ni pour le peuple (grec) ni pour le pays”.

D’autres défections de poids étaient attendues, comme la puissante présidente du Parlement Zoé Konstantopoulou ou le ministre de l’Energie Panagiotis Lafazanis. Ce dernier privilégie “les alternatives”, comme un retour à la drachme.

Alexis Tsipras, qui se décrit en “capitaine de navire”, n’a pas voulu dire ce qu’il ferait des dissidents. Il a relégué à plus tard ces “questions de procédure” interne. Il se concentre sur la mise en place d’une série de mesures pour espérer obtenir, dans quelques semaines, un troisième plan d’aide d’au moins 80 milliards d’euros.

Pour éviter un désastre au pays

Clé de sa démonstration de bonne volonté aux créanciers, le gouvernement d’Alexis Tsipras a déposé dès mardi soir le projet de loi de réformes, à faire voter “d’ici au 15 juillet”, selon les termes de l’accord signé lundi matin à Bruxelles. Il s’agit notamment d’une hausse de la TVA et de l’adoption d’une règle d’or budgétaire.

Le Premier ministre s’est expliqué mardi soir lors d’une interview télévisée sur les raisons qui l’ont poussé à signer ce texte, dans un climat de grande tension. L’accord est en effet loin d’alléger l’austérité rejetée pourtant à 61% le 5 juillet par les Grecs, lors du référendum.

“J’assume mes responsabilités pour toute erreur que j’ai pu commettre, a-t-il déclaré, j’assume la responsabilité d’un texte auquel je ne crois pas, mais que j’ai signé pour éviter un désastre au pays”, en l’occurrence une sortie de l’euro en forme de plongée dans l’inconnu.

Il peut s’appuyer sur un sondage Kapa Research pour le journal To Vima, réalisé sur un échantillon de 700 personnes. L’enquête révèle que, bien que très partagés sur les termes de l’accord, 70,1% des Grecs pensent que le Parlement doit l’adopter.

L’attitude de Syriza en question

Reste à savoir qui des 300 députés votera pour. Les grands partis d’opposition y ont appelé. Nouvelle Démocratie (conservateurs), Pasok (socialistes) et Potami (centre-gauche) réunissent 106 députés à eux trois.

Désormais, c’est de l’attitude de la gauche de Syriza (parti du Premier ministre, 149 députés) et de l’allié de droite souverainiste ANEL (13 députés) que risque de dépendre la composition future du gouvernement grec, voire son chef.

Le président d’ANEL, le ministre de la Défense Panos Kammenos, a vigoureusement critiqué l’accord. Mais cela ne préjuge pas du vote de celui en qui M. Tsipras a vanté mardi un allié “resté à ses côtés”, avec lequel il a des rapports “parfaits”.

Difficile aussi d’évaluer les comptes chez Syriza, dont 32 députés avaient manifesté des réticences (15 “oui mais”, 2 non, 8 abstentions et 7 absents) lors du vote sur le principe même des négociations du week-end, vendredi dernier.

Grève et manifestations

Le vote du Parlement grec devait se faire sur fond de grève des fonctionnaires grecs, à l’appel du syndicat Adedy. Le mouvement ralentissait l’activité des transports ou des hôpitaux en milieu de journée, sans la bloquer. Il s’agit de la première grève depuis l’arrivée de Syriza au pouvoir en janvier.

Les pharmaciens étaient eux aussi en grève contre la libéralisation prévue de leur secteur d’activité. Quelques milliers de personnes ont défilé le matin dans le centre d’Athènes pour demander le rejet de l’accord. D’autres manifestations étaient prévues plus tard dans la journée, notamment devant le Parlement. Mais la réaction de la rue a jusqu’à présent été limitée.

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