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L’acteur américain Harry Dean Stanton disparaît de l’écran

Harry Dean Stanton aura incarné un formidable "Travis" dans le film-culte "Paris, Texas" (archives) KEYSTONE/EPA/PAUL BUCK sda-ats

(Keystone-ATS) L’acteur américain Harry Dean Stanton, star de “Paris, Texas” et de la série “Big Love”, est décédé vendredi à l’âge de 91 ans, a-t-on appris auprès de son agent. Il aura participé au tournage de quelque 250 films.

Ce grand ami de Jack Nicholson, Sean Penn et Marlon Brandon est mort à l’hôpital Cedars Sinai de Los Angeles.

Son interprétation magnétique d’un père amnésique dans le road-movie “Paris, Texas” valut au cinéaste allemand Wim Wenders la Palme d’or à Cannes en 1984. Harry Dean Stanton y incarnait “Travis”.

Gangster miteux dans “Le Récidiviste”, mécanicien râleur dans “Alien, le huitième passager”, faux évangéliste dans “Le Malin”, agent du FBI dans “Le Parrain II”: avec sa silhouette filiforme et sa gueule de faux dur, Harry Dean Stanton a joué les seconds rôles essentiels d’à peu près tous les gros coups d’Hollywood.

Ce fumeur trompe-la-mort a travaillé avec David Lynch (“Twin Peaks”, “Sailor et Lula”, “Une histoire vraie”), Martin Scorsese (“La dernière tentation du Christ”), ainsi qu’avec Francis Ford Coppola (“Coup de coeur”, “Le Parrain”).

A la télévision, Harry Dean Stanton a incarné le chef d’une secte polygame pendant quatre saisons dans la série “Big Love”.

Hommage de Lynch

L’une de ses toutes dernières apparitions à l’écran, “Lucky”, le voyage spirituel d’un athée avec David Lynch, sortira fin septembre aux Etats-Unis puis en fin d’année en Suisse.

Il y incarne avec tendresse et mélancolie un nonagénaire qui fume un paquet de cigarette par jour, passe ses matinées dans des dîners et ses après-midis devant des jeux télévisés. David Lynch a été l’un des premiers à rendre hommage à l’un de ses interprètes fétiches.

“Le magnifique Harry Dean Stanton nous a quittés. Il n’y a personne comme Harry Dean. Tout le monde l’aimait. Et pour cause. Il était un acteur formidable. Et un être humain fantastique. Tu vas vraiment nous manquer”, a-t-il écrit dans une déclaration.

Il incarnait “la définition du cool”, a écrit pour sa part la comédienne Olivia Wilde sur Twitter.

Détail piquant: Harry Dean Stanton était un excellent joueur d’harmonica. Il aimait aussi chanter le blues avec Bob Dylan et Kris Kristofferson, ainsi que le répertoire mariachi qu’il a interprété jusqu’à la fin de sa vie d’une voix chaude et chevrotante.

Le coup de main de Nicholson

Né le 14 juillet 1926 dans le Kentucky, Harry Dean Stanton était l’aîné d’une fratrie de trois enfants d’une mère coiffeuse et d’un père baptiste, cultivateur de tabac, qui ne s’entendaient pas.

Pendant la 2e Guerre mondiale, il sert comme cuistot sur un navire de la Marine dans le Pacifique pendant la bataille d’Okinawa. “J’ai connu les kamikazes japonais mais j’ai eu la chance de ne pas être tué. La plupart des acteurs n’ont pas eu cette expérience”. A son retour, il s’est inscrit à l’université du Kentucky avant de s’établir à Los Angeles pour faire ses débuts comme acteur en 1957.

Il enchaîne alors une centaine de rôles dans des mauvais westerns et des intrigues policières, principalement pour la télévision. Avec ses pommettes saillantes et ses yeux cernés, on le cantonne aux rôles de sales types ou de pauvres hères.

C’est Jack Nicholson qui l’arrache à ces rôles un peu miteux en lui offrant en 1966 la tête d’affiche de son western “L’ouragan de la vengeance”. Par la suite, on lui a proposé des personnages plus consistants comme dans “Luke la main froide” (1967), aux côtés de Paul Newman.

Harry Dean Stanton a 56 ans quand Wim Wenders lui offre le rôle de sa vie dans “Paris, Texas”. Il allait partager lors du tournage des scène d’anthologie avec l’actrice Nastassja Kinski.

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