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L’Afrique centrale élabore sa stratégie pour “éradiquer” Boko Haram

(Keystone-ATS) Les chefs d’État d’Afrique centrale ont décidé lundi de créer un fonds de 87 millions de dollars pour financer la lutte contre Boko Haram. Malgré la perte de deux villes dans le nord-est du Nigeria, le groupe islamiste reste actif: il a attaqué une base au Cameroun.

Les chefs d’État se réunissaient à Yaoundé pour élaborer une stratégie visant à annihiler Boko Haram. “Il nous faut éradiquer Boko Haram”, a soutenu le président camerounais Paul Biya à l’ouverture des travaux, organisés sous l’égide de la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC).

Autour du président Biya étaient présents Idriss Deby Itno (Tchad), Ali Bongo Ondimba (Gabon), Denis Sassou Nguesso (Congo), ainsi que Teodoro Obiang Nguema (Guinée Equatoriale) et Catherine Samba Panza (Centrafrique). Le Nigeria, bien que principal pays touché par l’insurrection de Boko Haram, n’était pas présent. Il ne fait pas partie de la CEEAC.

Pas une croisade contre l’islam

Les islamistes de Boko Haram sont les “partisans d’une société obscurantiste et tyrannique” qui veulent saper les fondements “d’une société moderne et tolérante, garantissant l’exercice des droits de l’Homme” et la liberté de religion, a estimé le chef de l’Etat camerounais.

Soulignant “une totale impossibilité de compromis” avec “ces ennemis”, il a rappelé que la lutte engagée contre le “terrorisme” n’était pas “une croisade contre l’Islam”.

Force multinationale

Le 7 février, les pays de la région s’étaient déjà réunis à Yaoundé et s’étaient engagés à mobiliser 8700 hommes dans une force multinationale contre le groupe islamiste.

L’armée tchadienne intervient depuis début février contre Boko Haram au Cameroun, au Niger et au Nigeria pour pallier notamment l’incapacité de l’armée nigériane à empêcher les attaques islamistes. Boko Haram lutte pour créer un émirat dans le nord du Nigeria.

M. Deby a appelé à une plus grande mutualisation des efforts contre le groupe islamiste, qui a ces derniers mois frappé le Nigeria et le Cameroun à multiples reprises, et cible désormais aussi le Tchad et le Niger.

Approche multidimensionnelle

Il a exhorté les Etats de la CEEAC qui ne sont pas encore touchés par les actes terroristes, “à manifester leur solidarité agissante”. Le président tchadien a également invité la communauté internationale à apporter “tout son soutien, matériel, diplomatique, financier, logistique et humanitaire aux efforts de la CEEAC”.

Dans un discours lu par un représentant, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a souligné toutefois qu’une “solution purement militaire” ne suffirait pas contre le terrorisme. Il a évoqué “une approche multidimensionnelle (…) qui réponde aux défis de la stabilisation à long terme”, en allusion à l’importance du développement économique et social, dans des régions frappées par une grande pauvreté.

Soldats blessés au Cameroun

Sur le terrain, l’armée nigériane, appuyée par l’aviation, a repris lundi deux villes du nord-est du Nigeria, Mungono et Marte, selon le compte Twitter de l’état-major.

“L’opération aérienne et terrestre se poursuit et nous progressons résolument vers d’autres localités qui doivent être reprises dans le cadre de l’offensive en cours contre les terroristes”, a déclaré le porte-parole de l’armée.

De l’autre côté de la frontière, des membres de Boko Haram ont attaqué lundi une base militaire près de la ville de Wasa dans l’extrême nord du Cameroun. Plusieurs soldats ont été blessés, a déclaré un porte-parole de l’armée.

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