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L’Allemagne prévoit d’accueillir 1500 migrants des îles de Grèce

Les migrants accueillis par Berlin seront essentiellement de familles avec des enfants qui ont été reconnus comme réfugiés par les autorités grecques. KEYSTONE/EPA/Sean Gallup / POOL sda-ats

(Keystone-ATS) L’Allemagne compte accueillir 1500 migrants venus des îles grecques, dont Lesbos où les habitants ont décidé de crier leur colère mardi, près d’une semaine après la destruction du camp de Moria. Cinq migrants suspectés d’avoir mis le feu au camp ont été arrêtés.

Dans l’après-midi, le ministre grec de la Protection civile Michalis Chrysohoidis a annoncé que cinq migrants avaient été arrêtés dans l’enquête sur l’incendie de ce camp, qui accueillait 12’000 réfugiés dans des conditions insalubres. Un sixième suspect identifié était en fuite.

Les quelque 85’000 habitants de Lesbos, en mer Egée, qui dénoncent leur abandon par le reste de l’Europe, sont appelés à manifester pour réclamer “l’éloignement des migrants” qui depuis l’incendie dorment sur le bitume brûlant, avec pour beaucoup peu de vivres et d’accès à l’eau malgré une chaleur de plomb.

Le conseiller fédéral Ignazio Cassis a annoncé mardi un nouvel envoi de matériel d’aide à destination de Lesbos. Des installations permettant d’alimenter les migrants en eau potable, cinq tentes et plusieurs générateurs seront envoyés, et quatre spécialistes déployés sur place, a détaillé le chef du Département fédéral des affaires étrangères sur Twitter.

Vendredi, un avion du Service de transport aérien de la Confédération est parti avec près d’une tonne de matériel d’aide, dont des sacs de couchage, des matelas, des réservoirs d’eau et du matériel de secours. Afin de pouvoir répondre aux besoins les plus pressants des personnes affectées par l’incendie, une somme pouvant atteindre un million de francs a été mise à disposition au titre de l’aide humanitaire.

Accueillir 400 mineurs non accompagnés

Berlin souhaite accueillir avant tout des familles avec des enfants qui ont déjà obtenu le statut de réfugiés de la part des autorités grecques, a indiqué une source gouvernementale allemande à l’AFP. Cette initiative qui s’ajoute à une précédente, franco-allemande, portant sur un total en Europe de 400 mineurs isolés évacués de Moria, intervient alors que la pression monte sur le gouvernement allemand pour qu’il ouvre ses portes aux réfugiés de Moria.

En visite à Athènes, le président du Conseil européen Charles Michel a appelé à “une réponse juste, forte et efficace” de l’Union européenne. La Commission européenne a avancé au 23 septembre la présentation de son projet très attendu de réforme de la politique migratoire dans l’UE.

Jusqu’ici la réponse des Européens a été des plus discrètes: neuf pays de l’Union européenne et la Suisse ont accepté de prendre en charge 400 mineurs non accompagnés. La Suisse envisage d’accueillir une vingtaine de mineurs non accompagnés.

Centre provisoire

A Lesbos, seuls 800 des exilés chassés par les incendies ont jusqu’ici rejoint un centre provisoire érigé à la hâte par les autorités grecques. Ce sont avant tout des familles qui se sont pour le moment installées sous les tentes blanches du Haut commissariat aux réfugiés (HCR), selon le ministère grec des Migrations interrogé par l’AFP.

“L’entrée des demandeurs d’asile dans le nouveau camp n’est pas négociable”, a déclaré le ministre de la Protection civile aux médias à Lesbos.

Le préfet de l’Egée du Nord, Kostas Mountzouris, l’un des plus farouches opposants au projet du gouvernement d’ériger un camp fermé à Lesbos, a appelé entrepreneurs et professionnels à se rassembler pour réclamer une “normalisation” de la situation et “l’éloignement des migrants de l’île à bord de bateaux”.

A quelques encablures des ruines de Moria, ravagé par les flammes dans la nuit du 8 au 9 septembre, quelques familles de demandeurs d’asile faisaient la queue pour entrer dans le camp provisoire, a constaté un journaliste de l’AFP.

Incidents fréquents

Depuis plusieurs mois, le gouvernement conservateur grec prévoit la mise en place d’un centre fermé à Lesbos pour désengorger la mégastructure de Moria. Maintenant que celle-ci est détruite, le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a confirmé la reconstruction prochaine d’un camp et souhaité une implication plus active de l’Union européenne.

Les incidents entre demandeurs d’asile et habitants, dont des sympathisants d’extrême droite, sont fréquents à Lesbos depuis l’an dernier.

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