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L’américain Hershey refuse une offre de rachat de Mondelez

En rachetant Hershey, Mondelez mettrait la main sur la production et la distribution de la marque Cadbury sur le marché américain, et reprendrait aussi les droits de production et de distribution aux Etats-Unis de Kit Kat (archives). KEYSTONE/EPA/ANDY RAIN sda-ats

(Keystone-ATS) Le chocolatier américain Hershey a rejeté jeudi une offre de rachat de 23 milliards de dollars (22,25 milliards de francs) de son compatriote Mondelez, propriétaire des biscuits Lu et chocolats Côte d’Or. L’alliance aurait créé le numéro 1 mondial de la confiserie.

Le groupe né d’une telle union aurait ainsi surclassé Mars, l’actuel leader, selon le cabinet Euromonitor. Il reléguerait aussi loin derrière les groupes agroalimentaires Nestlé (3e actuellement) et Ferrero (4e).

Un mariage permettrait à la nouvelle entité d’être omniprésente sur les marchés internationaux – terrain de chasse de Mondelez – et américain – force de Hershey, qui détient une licence pour produire les chocolats Kit Kat aux Etats-Unis pour le compte de la multinationale vaudoise Nestlé.

Mondelez propose aux actionnaires de Hershey 107 dollars par titre en cash et action, ce qui valorise le groupe, fondé en 1894 en Pennsylvanie (est), à près de 23 milliards de dollars, a annoncé Hershey.

Hershey bondit à Wall Street

Mais cette offre a été rejetée par le fabricant des barres chocolatées Reese’s et Misses, très populaires aux Etats-Unis, qui n’a toutefois pas précisé si c’était une fin de non-recevoir.

“Le conseil d’administration a unanimement rejeté cette marque d’intérêt et déterminé qu’elle ne fournissait pas de base pour des discussions supplémentaires entre Mondelez et le groupe”, a expliqué Hershey.

Contacté par l’afp, Mondelez, né de la scission de Kraft en 2012, n’a pas souhaité commenter.

A Wall Street, le titre Hershey a bondi de 16,83% à 113,49 dollars, poussant la valorisation de l’entreprise à plus de 24 milliards, bien au-dessus de la proposition de Mondelez, dont l’action a gagné 5,91% à 45,51 dollars soit une valeur de 71 milliards de dollars.

Contre-offre de Nestlé?

La flambée boursière de Hershey, qui compte 80 marques, suggère que les investisseurs croient au minimum à une surenchère, voire à une contre-offre d’un concurrent.

Nestlé, qui a déjà un accord de licence avec Hershey, pourrait notamment sortir du bois, selon les observateurs, mais pourrait être dissuadé par des obstacles réglementaires.

Le géant alimentaire veveysan pourrait mettre un terme à ce partenariat avec Hershey, ce qui réduirait la valeur marchande du chocolatier, dont le chiffre d’affaires s’est établi à 7,4 milliards de dollars en 2015. Mondelez a pour sa part enregistré des ventes de 29,6 milliards de dollars.

Toute transaction devrait cependant obtenir l’aval du véhicule financier Hershey Trust, mis en place par le fondateur Milton Hershey, qui détient 8,4% du capital de l’entreprise et 81% des droits de vote, selon le Wall Street Journal.

Enquête en cours

Par le passé, Hershey Trust s’est toujours opposé à une vente de l’entreprise, comme en 2002, quand il avait torpillé l’offre de rachat à 12,5 milliards de dollars de Wrigley, désormais filiale de Mars.

Le contexte a changé et pourrait jouer en faveur de Mondelez: le procureur de l’Etat de Pennsylvanie enquête actuellement sur des accusations de conflits d’intérêt visant certains membres, anciens et actuels, du conseil d’administration de ce fonds.

Pour rassurer les autorités locales et les gardiens de l’oeuvre de Milton Hershey, Mondelez aurait proposé de prendre le nom du groupe familial, promis de s’installer dans la région et garanti les emplois, affirme la presse américaine.

Investisseurs activistes

Reste aussi une grande inconnue: quelle sera la réaction des très influents investisseurs activistes Nelson Peltz et William (Bill) Ackman, tous deux actionnaires de Mondelez et favorables depuis des mois à un mariage avec un grand groupe agroalimentaire?

M. Peltz, via son fonds Trian, a longtemps poussé pour un mariage avec les snacks de PepsiCo dont il est aussi actionnaire, mais a desserré l’étau après avoir obtenu un siège au conseil d’administration de Mondelez.

Quant à M. Ackman, qui a investi dans Mondelez en faisant le pari que le groupe allait être avalé par un gros concurrent, il préconisait jusqu’ici un rapprochement avec Kraft Heinz, détenu par le fonds 3G Capital et le milliardaire Warren Buffett.

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