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L’ancien chef des finances zougois, Ivo Romer, ira en prison

L'ancien chef des finances de la ville de Zoug Ivo Romer a été condamné à quatre ans et demi de prison pour abus de confiance et gestion déloyale. KEYSTONE/URS FLUEELER sda-ats

(Keystone-ATS) L’ancien chef des finances de la ville de Zoug Ivo Romer (PLR) a été condamné mardi à quatre ans et six mois de prison. Il a été reconnu coupable d’abus de confiance et de gestion déloyale.

Pour le tribunal pénal du canton de Zoug, il est établi qu’Ivo Romer, ancien responsable d’une fiduciaire, a détourné près de sept millions de francs d’une nonagénaire, dont il gérait la fortune. Lorsque la femme est décédée en 2011, à 96 ans, il ne restait plus que 15’000 francs sur son compte bancaire.

Près de 4 millions à rembourser

Selon le jugement, Ivo Romer doit rembourser près de 2 millions de francs aux héritiers de la nonagénaire. Il est aussi exigé qu’il rembourse 1,8 million de francs à la fondation créée par sa cliente. Le prévenu a aussi puisé dans la caisse de cette fondation.

Il est peu probable qu’Ivo Romer puisse rembourser de tels montants. Il n’y a plus aucune trace de l’argent détourné et le prévenu ne gagne plus que 500 à 1000 francs par mois. Son passeport a été saisi afin qu’il ne puisse pas s’enfuir à l’étranger. Aucune décision n’a encore été prise concernant un éventuel recours contre le jugement.

Avec l’argent détourné, l’ancien chef des finances de la ville de Zoug a mené un train de vie que ses 11’000 francs de salaire mensuel payé par la Ville ne suffisaient pas à financer. Il s’est notamment montré très généreux pour sponsoriser des événements sportifs.

Six ans et dix mois requis

Lors du procès en juin 2016, la procureure a requis une peine de six ans et dix mois de prison. Elle a demandé que le prévenu rembourse 3,8 millions de francs aux héritiers de la nonagénaire.

L’accusation a aussi souligné qu’Ivo Romer n’a montré aucun repentir et qu’il n’a pas coopéré pendant l’instruction. Il a refusé de répondre à plus de 800 questions posées par les enquêteurs. Le prévenu a commis des délits pendant six ans. Durant l’enquête, il a encore vendu un terrain en Afrique du Sud qu’il avait acheté avec l’argent de la nonagénaire.

Lors de la première audience, Ivo Romer a refusé de répondre aux questions du juge sur l’affaire et sa personne. Il a juste accepté de dire qu’il travaille à temps partiel depuis quelques mois et qu’il gagne entre 500 et 1000 francs par mois.

Confiance

Pour la défense, Ivo Romer n’a en aucun cas détourné l’argent de sa cliente. La vieille dame avait autorisé toutes les transactions opérées par le prévenu à qui elle faisait confiance, car elle ne voulait rien laisser à ses enfants. Elle voulait que sa fortune fonde pour que ses enfants n’héritent rien.

L’affaire a éclaté en novembre 2012 à cause d’un article de la Weltwoche révélant l’ouverture d’une enquête pénale contre le chef des finances de la ville de Zoug. Le lendemain, M. Romer démissionnait de l’exécutif. Il a néanmoins toujours affirmé que les accusations portées contre lui sont sans fondement.

Commission d’enquête parlementaire

L’affaire a été examinée par une commission d’enquête parlementaire. Le rapport de cette CEP, publié en août 2014, met hors de cause l’exécutif de la ville de Zoug, mais souligne un manque de tact. Le chef du département des affaires sociales y est critiqué pour n’avoir pas su évaluer l’importance de cette affaire.

Les autorités de tutelle ont aussi été critiquées. La CEP voulait notamment savoir pourquoi la nonagénaire n’avait pas été placée sous tutelle comme le demandait sa famille. La commission d’enquête a constaté que les autorités de tutelle n’ont exercé aucune pression sur Ivo Romer pour qu’il réponde à la demande de la famille.

Le problème est qu’Ivo Romer faisait partie de l’exécutif et qu’il était donc automatiquement membre des autorités de tutelle. Il y avait là un conflit d’intérêt que personne n’a constaté pendant longtemps.

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