Des perspectives suisses en 10 langues

L’ancien président brésilien Lula s’est livré à la police

Luiz Inácio Lula da Silva a écopé d'une peine de douze ans de prison pour corruption. KEYSTONE/AP/ANDRE PENNER sda-ats

(Keystone-ATS) L’ex-président brésilien Luiz Inácio “Lula” da Silva s’est finalement livré samedi à la police, après avoir refusé de le faire la veille. Il faisait l’objet depuis vendredi d’un mandat de dépôt pour sa condamnation à 12 ans de prison dans une affaire de corruption.

L’icône de la gauche brésilienne, favori de la présidentielle d’octobre, a été amenée dans un convoi de police, après avoir été d’abord empêchée de partir en voiture par quelques dizaines de militants opposés à sa reddition, lors d’une scène chaotique.

S’adressant à une foule de partisans rassemblés devant le siège du syndicat des métallurgistes de São Bernardo do Campo, où il a entamé sa carrière politique et où il s’était réfugié depuis jeudi, l’ex-chef de l’Etat avait auparavant de nouveau clamé son innocence et dénoncé un crime politique.

“Je vais me conformer à l’ordre et vous deviendrez tous Lula”, a-t-il promis. “Je ne suis pas au-dessus des lois. Si je ne croyais pas à la loi, je n’aurais pas créé de parti politique, j’aurais fait une révolution.”

L’ancien président, au pouvoir de 2003 à 2011, a été reconnu coupable d’avoir accordé des marchés publics à une entreprise de construction en échange de la rénovation d’un appartement de bord de mer qu’il nie avoir jamais possédé.

Cellule de 15 m2

“Je suis la seule personne poursuivie pour un appartement qui ne lui appartient pas”, a-t-il affirmé samedi, juché sur la remorque d’un camion aux côtés de Dilma Rousseff, qui lui a succédé à la présidence avant d’être destituée pour maquillage des comptes publics.

Lula, âgé de 72 ans, va être placé en détention dans une prison de Curitiba, au sud du pays, où il va commencer à purger sa peine. Une cellule d’à peine 15 mètres carrés, avec toilettes et douche privatives, attend Lula au siège de la police fédérale de la ville, a priori avant un transfèrement.

La cour suprême avait auparavant rejeté le dernier recours des avocats de Lula, qui demandaient la suspension du mandat de dépôt en attendant que les recours contre sa condamnation soient examinés sur le fond.

L’ancien chef de l’Etat était en tête des intentions de vote pour l’élection présidentielle d’octobre prochain. Sa mise hors jeu fera probablement les affaires d’un candidat plus centriste, estiment les observateurs.

Selon la loi électorale brésilienne, une condamnation vaut huit ans d’inéligibilité. De rares exceptions ont été faites par le passé et la décision relève du tribunal électoral suprême, qui se prononcera si Lula fait acte de candidature.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision