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L’arrivée de Donald Trump a conforté les marchés boursiers

La Bourse de New York a inscrit un nouveau record la semaine dernière (archives). KEYSTONE/AP/RICHARD DREW sda-ats

(Keystone-ATS) Les marchés boursiers, en Suisse et au niveau mondial, surfent sur une vague d’optimisme depuis le début de l’année, avec même un record à Wall Street. Aux Etats-Unis, l’élection de Donald Trump, entré en fonction le 20 janvier, n’a fait que renforcer le phénomène.

“Les marchés bénéficient d’un momentum qui a surpris les économistes et les marchés eux-mêmes”, relève Gianluca Tarolli, économiste de marché chez Bordier & Cie, interrogé par l’ats. Selon lui, cette hausse, tirée par les Etats-Unis, résulte notamment de la publication de chiffres macroéconomiques rassurants et positifs.

Les résultats des sociétés ont également été solides et l’économie chinoise s’est améliorée. “On assiste actuellement à un flux de bonnes nouvelles économiques”, souligne M. Tarolli.

Mercredi dernier, le Dow Jones, indice vedette de Wall Street, a par exemple arraché un nouveau record et dépassé pour la première fois les 21’000 points, réagissant positivement à un discours du président Donald Trump. La Bourse de Francfort a également atteint un nouveau record historique en clôture.

Selon Fernando Martins da Silva, directeur de la politique d’investissement de la Banque cantonale vaudoise (BCV), l’élection de Donald Trump n’a fait que “rajouter du carburant sur de bonnes braises”. Les fondamentaux de l’économie américaine allaient en effet déjà dans le bon sens, après une phase plus morose entre la mi-2015 et la mi-2016, en raison de la hausse du dollar.

Programme de croissance

Le nouveau président américain, vu comme “pro-business”, a promis de mettre en oeuvre un programme devant favoriser la croissance. Parmi ses mesures-phare, figurent notamment des baisses d’impôts massives, de lourds investissements publics et privés, ainsi qu’une vaste déréglementation.

Les marchés, qui étaient sur la retenue depuis le Brexit et dans l’incertitude par rapport à l’élection américaine, ont retrouvé un élan d’optimisme, souligne Fernando Martins da Silva. Cette vague d’enthousiasme demande une période de consolidation au cours des prochaines semaines ou prochains mois, mais pourrait perdurer jusqu’à l’été, même en cas de hausse des taux de la Réserve fédérale (Fed), pronostique-t-il.

“Cela pourrait être plus difficile après l’été en cas d’une éventuelle nouvelle hausse des taux et parce que les marchés auront anticipé toutes les bonnes nouvelles”, estime le directeur de la politique d’investissement de la BCV. “En outre, certaines mesures positives seront peut-être édulcorées par rapport aux annonces.”

En Suisse aussi

La Bourse suisse, dont l’indice vedette SMI a gagné plus de 4% depuis le début de l’année, a bénéficié d’un effet d’entraînement, les bonnes nouvelles américaines ayant des effets positifs pour les autres marchés. “Cette dynamique a par ailleurs été renforcée par une croissance européenne qui tient la route”, selon Fernando Martins Da Silva.

Les grandes valeurs ont également profité d’un effet d’instabilité en zone euro, les placement suisses étant recherchés. En outre, la Bourse suisse avait un peu contreperformé les actions européennes l’an dernier et bénéficie donc d’un effet de rattrapage.

Le Swiss Market Index (SMI) a également profité du rebond des valeurs de la santé et d’un franc relativement stable par rapport à l’euro et au dollar, estime Gianluca Tarolli. Il se situe pour l’heure à son plus haut niveau depuis quatorze mois.

Une certaine complaisance

Pour ce dernier, les incertitudes nées de la nouvelle administration américaine n’ont pour le moment pas d’impact sur les marchés, car les actes sont conformes à ce qui avait été annoncé en campagne. “Les marchés sont un peu complaisants et ne tiennent pas compte du coût des mesures promises”, relève-t-il.

A moyen ou long terme, les marchés restent toutefois vulnérables à toute nouvelle un peu négative, tempère M. Tarolli. Et de citer comme exemples les élections dans plusieurs pays européens à venir, la problématique des banques italiennes, ou encore des délais de mise en oeuvre, ou une certaine déception, par rapport aux mesures annoncées par l’administration Trump.

Ces incertitudes pèsent telle une épée de Damoclès sur les marchés, confirme Fernando Martins da Silva. “Pour l’instant, ils tablent sur le fait que certains éléments déconcertants de la politique de Donald Trump seront calmés par la réalité ou par certains personnalités républicaines”. La nomination de nouveaux ministres pourrait aussi avoir un effet modérateur.

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