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L’artiste russe Piotr Pavlenski a reçu l’asile politique en France

L'artiste russe Piotre Pavlenski avait été condamné à une amende par la justice russe en juillet 2016 pour avoir incendié les portes du siège de l'ex-KGB (archives). KEYSTONE/AP/IVAN SEKRETAREV sda-ats

(Keystone-ATS) L’artiste russe Piotr Pavlenski a obtenu jeudi l’asile politique en France, a annoncé son avocate. Il défie régulièrement le Kremlin et affirme être menacé de dix ans de camp dans son pays sur de fausses accusations.

“L’artiste et sa compagne ont obtenu le statut de réfugiés politiques” auprès de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), a déclaré Dominique Beyreuther Minkov. “La France reste une terre d’asile pour les opposants politiques. C’est là notre honneur”, s’est-elle félicitée.

L’Office, contacté par l’AFP, s’est refusé à tout commentaire, rappelant qu’il ne communiquait jamais sur ses décisions. Piotr Pavlenski, âgé de 33 ans, et sa compagne Oksana Chaliguina, arrivés en France, à Paris, avec leurs deux enfants en janvier, n’ont pas souhaité non plus réagir.

“Art politique”

L’artiste s’est rendu célèbre pour avoir arrosé d’essence et incendié les portes du siège de l’ex-KGB et s’être cloué la peau des testicules sur les pavés de la place Rouge.

En juin 2016, Piotr Pavlenski, qui se revendique de “l’art politique”, avait été condamné à une simple amende, une décision d’une rare clémence dans le contexte politico-judiciaire russe – après toutefois sept mois de détention – pour avoir “endommagé” la Loubianka, siège historique des services de sécurité russes.

En décembre 2016, la justice russe l’a rattrapé, cette fois sur des accusations d’agression sexuelle portées par une actrice de théâtre. Des accusations qu’il conteste farouchement.

La prison ou l’exil

Piotr Pavlenski et Oksana Chaliguina ont raconté avoir été interpellés à l’aéroport de Moscou au retour d’un voyage à Varsovie, le 14 décembre. Il s’est vu alors notifier les accusations d’agression sexuelle.

“On nous a expliqué qu’on avait en gros deux possibilités (…) aller en prison dans un camp pour dix ans, avec tout le loisir d’expliquer aux autres prisonniers qu’on avait été victimes d’une sale intrigue, ou partir de Russie”, a relaté l’artiste.

Le couple a alors quitté la Russie en voiture, via l’Ukraine, pour la France, qui fut la terre d’exil de nombreux Russes au lendemain de la Révolution d’octobre. Il affirme avoir franchi la frontière russe sans difficulté.

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