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L’Empa souhaite des filtres à particules sur les voitures à essence

Il faut des filtres à particules sur les voitures à essence, et pas seulement sur les modèles diesel, estime l'Empa (archives). KEYSTONE/GAETAN BALLY sda-ats

(Keystone-ATS) Il faut installer des filtres à particules sur les véhicules à essence également. C’est la conclusion d’une étude coordonnée par l’Empa portant sur sept voitures à injection directe datant de 2001 à 2016. Le laboratoire met en cause les rejets de substances toxiques.

Ces travaux présentés dans le dernier magazine “Empa Quarterly” résultent du projet GasOMeP (Gasoline Vehicle Emission Control for Organic, Metallic and Particulate Non-Legislative Pollutants), lancé en 2014 avec l’Institut Paul-Scherrer et les HES bernoise et du Nord-Ouest de la Suisse ainsi que des partenaires de l’industrie.

Le Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (Empa) a sélectionné sept voitures de différentes marques, une de 2001 et les six autres entre 2010 et 2016, plus une voiture diesel de 2013 à titre de comparaison. Tous ces véhicules ont été soumis au test WLTP (Worldwide Light-Duty Vehicles Test Procedure) qui sera obligatoire pour tous les modèles dès septembre prochain.

Or selon ces résultats qui ont fait l’objet d’un colloque à l’Empa à la fin mars, ces véhicules à essence rejetaient entre 10 et 100 fois plus de particules fines que la voiture diesel de comparaison. Les particules des moteurs à essence sont de la même taille nanométrique que celles qui ont valu au diesel sa mauvaise réputation.

“Une fois inhalées, elles restent pour toujours dans le corps”, souligne dans le magazine le chimiste de l’Empa Norbert Heeb, qui a dirigé ces travaux. Des poumons, elles peuvent passer dans le système cardio-vasculaire.

Chevaux de Troie

Les particules fonctionnent de surcroît comme des chevaux de Troie en véhiculant des substances toxiques. A leur surface se trouvent des résidus solides ou liquides de la combustion, des hydrocarbures aromatiques polycycliques comme le benzopyrène par exemple, un cancérigène présent aussi dans la fumée de cigarette.

Là aussi, la voiture diesel de comparaison s’en sort mieux: elle n’a émis lors du test que 45 nanogrammes de substances cancérigènes, six fois moins que la meilleure des voitures à essence.

Conclusion: les filtres à particules obligatoires depuis des années sur des voitures diesel constituent désormais une technologie éprouvée et il faut en installer également sur les voitures à essence.

Treize ans pour renouveler le parc

Pour Norbert Heeb, il y a urgence: il faut en moyenne treize ans pour que neuf voitures sur dix soient remplacées et qu’une nouvelle technique de dépollution déploient ses effets. Les experts s’en prennent en particulier aux voitures à essence à injection directe, réputées moins gourmandes et plus propres, et promues par les constructeurs.

A ce propos, une étude parallèle de l’Empa portant sur six voitures diesel et six à essence répondant aux dernières normes Euro-6b a également montré un décalage d’un facteur dix en défaveur des secondes pour ce qui est des particules fines.

C’était particulièrement le cas des modèles turbocompressés, et cela indépendamment du type d’injection. Les normes Euro-6c qui doivent entrer en vigueur cet automne sont déjà au coeur d’une vaste polémique, en Allemagne notamment.

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