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L’exposition Body Worlds ouvre ses portes sur fond de polémique

L'exposition qui arrive à Genève déclenche un début de polémique au bout du lac. KEYSTONE/EPA KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI sda-ats

(Keystone-ATS) L’exposition controversée Body Worlds ouvre ses portes jeudi à Genève et jusqu’au 7 janvier. Elle présente au public de véritables corps humains sans peau conservés grâce à la technique de plastination, inventée par le professeur allemand Gunther von Hagens.

Body Worlds a déjà fait le tour du monde et a déjà été vue par plus de 44 millions de personnes. L’exposition s’était déjà arrêtée en Suisse, à Bâle. A chaque halte dans une ville, elle est adaptée. A Palexpo, les visiteurs sont invités à réfléchir sur le cycle de la vie et les transformations que subit le corps au fil du temps.

Les organisateurs sont conscients que la manifestation qu’ils proposent ne laisse pas indifférent. “Nous ne sommes pas habitués à voir des corps sans sépulture”, a admis devant la presse le professeur d’anthropologie Marc-Antoine Berthod, président de la société d’études thanatologiques.

Dons consentis

Les spécimens humains exposés proviennent de donneurs qui ont librement consenti à faire plastiner leur corps après leur mort pour que celui-ci puisse ensuite être vu par le grand public. Un des corps joue au tennis, un autre fait du saut à skis, un acrobate tient en équilibre sur un fil, un homme court tous muscles bandés.

Derrière d’autres vitrines, les visiteurs pourront découvrir comment fonctionnent les articulations, à quoi ressemble un genou souffrant d’arthrose, visualiser le système nerveux et ses ramifications, les cartilages ou les vaisseaux capillaires qui se trouvent sous la peau d’un visage.

La plastination donne l’impression que les corps sont éternellement mobiles, a souligné M. Berthod. Les morts sont debout et actifs. Ils sont anonymes et véhiculent une image d’égalité sociale, a poursuivi le professeur. Privés de toutes significations politiques, ils deviennent de simples “supports à la connaissance”.

Des élus s’indignent

Certains élus genevois ne partagent pas cet enthousiasme pour l’exposition Body Worlds. Le député UDC Marc Falquet a adressé une question écrite au Conseil d’Etat pour réclamer l’interdiction de la manifestation, qu’il qualifie de “mascarade grotesque” allant à l’encontre de la dignité humaine.

Le conseiller d’Etat Mauro Poggia, en tant que citoyen, a de son côté demandé au procureur général de Genève de vérifier que Body Worlds respecte la loi. Interrogé par l’hebdomadaire GHI, le magistrat s’est dit choqué par cette exposition “qui expose des cadavres d’êtres humains écorchés, éventrés, voire découpés”.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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