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L’imam chiite Moktada al Sadr en tête des législatives

Le mouvement de Moktada al Sadr est en tête des législatives irakiennes (archives). KEYSTONE/EPA/HASSAN ALI sda-ats

(Keystone-ATS) Le mouvement de Moktada al Sadr est en tête des législatives irakiennes de samedi, après dépouillement de plus de la moitié des bulletins, selon les résultats partiels. L’imam est un des rares dirigeants chiites à avoir pris ses distances avec l’Iran.

La liste d’Hadi al Amiri, du chef de milice chiite soutenu par Téhéran, arrive en deuxième position, selon ces résultats qui portent sur 95% des suffrages exprimés dans dix des 18 provinces.

Le Premier ministre Haïdar al Abadi, qui faisait figure de favori, serait troisième alors que sa liste Alliance et victoire avait d’abord été donnée en tête du scrutin.

La participation a été de 44,52%, selon la commission électorale, ce qui est très inférieur aux précédentes échéances. La commission n’a pas fourni de projections en sièges. Les résultats officiels devraient être annoncés dans la journée.

Conséquences du retrait américain

Dans le détail, les mouvements de Moktada al Sadr et d’Hadi al Amiri sont en tête dans quatre des dix provinces où le dépouillement a été effectué, mais celui de l’imam a obtenu un nombre de suffrages beaucoup plus important à Bagdad, qui dispose du plus grand nombre de sièges.

Haïdar al Abadi, allié à la fois des Etats-Unis et de l’Iran, est troisième dans six provinces, mais cinquième à Bagdad. L’ancien Premier ministre Nouri al Maliki est distancé, ce qui est également une surprise.

Ce classement peut encore changer avec les résultats des huit autres provinces, dont celle de Ninive, la deuxième en nombre de sièges.

Quel qu’il soit, le vainqueur de ces premières législatives depuis la défaite de l’Etat islamique, qui s’était emparé d’un tiers du pays en 2014 avant d’en être chassé l’an dernier, devra faire face aux conséquences du retrait américain de l’accord de 2015 sur le programme nucléaire iranien. Nombre d’Irakiens craignent que leur pays ne devienne un terrain d’affrontement entre Washington et Téhéran.

Alliance inattendue

Après l’annonce des résultats partiels, des milliers de partisans de Moktada al Sadr sont descendus dans les rues.

Un candidat de Bagdad a remis à la presse un document dans lequel figurent les résultats des 18 provinces. Son authenticité n’a pu être vérifiée, mais les chiffres avancés dans les dix provinces connues correspondent à ceux de la Commission électorale.

D’après les calculs de Reuters, la liste de Moktada al Sadr, créditée de plus de 1,3 million de voix, obtiendrait 54 des 329 sièges parlementaires, celle d’Hadi al Amiri 47 avec plus de 1,2 million de suffrages et le mouvement d’Haïdar al Abadi 42, avec plus d’un million.

Très populaire chez les jeunes et dans les milieux défavorisés, Moktada al Sadr a été marginalisé par les personnalités soutenues par l’Iran comme Hadi al Amiri. L’imam, qui a au contraire gardé ses distances avec Téhéran, a constitué une alliance inattendue avec les communistes et d’autres organisations laïques qui ont participé aux manifestations qu’il avait organisées en 2016 pour protester contre la corruption.

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