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L’initiative sur les soins infirmiers déposée à la Chancellerie

Le texte lancé en janvier exige que la Confédération et les cantons prennent des mesures efficaces pour renforcer les soins infirmiers (archives). KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT sda-ats

(Keystone-ATS) Les citoyens pourraient se prononcer sur les soins infirmiers. L’Association suisse des infirmières et infirmiers (ASI) a déposé mardi à la Chancellerie fédérale l’initiative populaire “Pour des soins infirmiers forts” munie de 112’000 signatures authentifiées.

Son but est de revaloriser la profession afin de faire face à la menace de pénurie de personnel soignant. L’écart entre la demande en soins infirmiers de la population et le personnel formé disponible se creuse toujours plus. Au cours des cinq dernières années, seuls 43% du nombre d’infirmières et d’infirmiers nécessaire ont été formés, selon l’association.

L’initiative a été lancée en janvier par l’ASI et un comité qui comprend notamment des conseillers nationaux de divers partis, dont Marina Carobbio (PS/TI) et Christian Lohr (PDC/TG). Le texte a récolté 120’000 paraphes.

“De nombreuses personnes ont remarqué que le personnel soignant était stressé et sous pression”, explique mardi la présidente de l’ASI, Helena Zaugg, citée dans un communiqué. De plus, les professionnels se sont entièrement investis dans la récolte des signatures, “car ils savent exactement pourquoi cette initiative est nécessaire”.

Sécurité du patient

Le texte exige que la Confédération et les cantons prennent des mesures efficaces pour renforcer les soins infirmiers. Pour l’ASI, seuls des soins de qualité peuvent garantir la sécurité du patient.

Concrètement, une infirmière ne devrait plus avoir besoin d’une ordonnance médicale pour se faire payer certaines prestations, par exemple lorsqu’elle aide un patient à enfiler des bas de compression ou à faire sa toilette. La profession gagnera ainsi en autonomie. A l’heure actuelle, les médecins et les hôpitaux sont les seuls à pouvoir pratiquer directement à la charge de l’assurance obligatoire.

Autre exigence, les salaires doivent être appropriés, surtout lors de la formation. Le personnel soignant doit être formé en nombre suffisant et fidélisé, selon l’ASI.

Le comité réclame concrètement des conditions plus attrayantes, notamment au niveau des heures de travail, des services de piquet, des possibilités de formation continue. Les conditions de ces métiers typiquement féminins doivent être adaptées à la vie des femmes.

Ces mesures de valorisation de la profession peuvent être financées, estime l’ASI. Cela passe par une indemnisation appropriée des prestations infirmières, dans les EMS, les hôpitaux, les cliniques psychiatriques et les services de soins à domicile.

Pas la bonne voie

Les associations faîtières nationales, Curaviva, H+ et Aide et soins à domicile reconnaissent l’urgence d’une promotion des professions de la santé. Toutefois, l’initiative n’est “pas la bonne façon de faire”, estiment ces associations dans un communiqué.

Le choix de passer par la Constitution comme le fait l’initiative est une entreprise de longue haleine. De plus, le texte reste très vague sur la mise en oeuvre.

Les faîtières partagent la requête du personnel soignant de pouvoir assumer davantage de responsabilités propres. C’est pourquoi elles s’engageront auprès du Conseil fédéral et du Parlement en faveur de l’élaboration d’un contre-projet indirect. Une révision de la loi fédérale sur l’assurance-maladie peut satisfaire les revendications de la branche.

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