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L’internement à vie au centre des délibérations des juges

Fabrice A. sera fixé sur son sort mercredi prochain (archives). KEYSTONE/FREDERIC BOTT sda-ats

(Keystone-ATS) Le procès de Fabrice A. devant le Tribunal criminel de Genève s’est terminé vendredi. Les juges rendront leur verdict mercredi prochain. Ils devront trancher la question de l’internement à vie du meurtrier d’Adeline. Une mesure qu’a requise jeudi le Ministère public.

Vendredi, Yann Arnold, l’avocat de Fabrice A., a tenté de démontrer l’inutilité d’une telle sanction. A ses yeux, un internement classique suffit à écarter le danger que représente Fabrice A. pour la société et à prévenir le risque de récidive. L’internement à vie, en revanche, est une “perpétuité perpétuelle”, a-t-il plaidé.

Cette mesure suprême, voulue par la population suisse, est contraire à deux dispositions de la Cour européenne des droits de l’Homme, car elle ne prévoit pas de réexamen automatique et périodique de l’interné, a poursuivi l’avocat. Les experts psychiatres qui se sont penchés sur le cas de Fabrice A. ne l’ont pas préconisée non plus.

Laisser un espoir

M.Arnold concède que le tableau présenté par Fabrice A. est “assurément sombre”. L’accusé se sait malsain et il est difficile de déceler les préoccupations secrètes qui l’habitent. Mais cette tâche n’est pas impossible, selon l’avocat, qui souhaite que son client puisse être réévalué régulièrement avec un regard neutre.

Le défenseur du meurtrier d’Adeline a également demandé au Tribunal criminel d’examiner la circonstance aggravante de l’assassinat, retenue par le Ministère public. Pour M.Arnold, Fabrice A. n’a pas prémédité d’égorger sa sociothérapeute lors d’une sortie accompagnée organisée par le centre de réinsertion de détenus de la Pâquerette.

L’accusé a uniquement planifié son évasion, selon son avocat. Il avait pour obsession de se rendre en Pologne pour y retrouver une ancienne petite amie qui l’avait éconduit. Pour préparer sa fuite, Fabrice A. a en outre profité des règles relativement souples qui étaient en vigueur à la Pâquerette. M.Arnold a parlé de “largesses”.

L’accusé n’a pas grand-chose pour sa défense, a admis son avocat. A ses yeux, le prévenu devrait au moins bénéficier d’une responsabilité légèrement restreinte, notamment en regard de sa jeunesse sans affection et des pulsions qui le travaillent. L’avocat demande au tribunal de ne pas prononcer une peine de prison à vie.

Un être froid et manipulateur

Vendredi matin, c’est le représentant des intérêts de la famille d’Adeline, Simon Ntah, qui s’est adressé aux juges. Il a décrit un Fabrice A. méthodique, manipulateur, odieux avec les femmes, qui s’était mis en tête d’essayer de tuer quelqu’un lors de son évasion et qui a réalisé son fantasme d’égorgement avec Adeline.

“Il avait la volonté indéfectible de donner la mort”. Il a tranché la gorge de la sociothérapeute et l’a regardée mourir en éprouvant du plaisir. Incapable d’une once d’empathie, il a pensé après son assassinat qu’il aurait pu prendre un peu plus de temps pour la tuer afin de jouir plus longuement du moment, a expliqué M.Ntah.

L’avocat a aussi parlé du calvaire enduré par les proches de la victime et des souffrances du compagnon d’Adeline, ainsi que des interrogations de leur petite fille âgée de 5 ans aujourd’hui. La famille se battra jusqu’au bout pour que Fabrice A. ne puisse plus jamais faire à quelqu’un d’autre ce qu’il a fait à Adeline, a-t-il insisté.

L’accusé a pris la parole à la fin de son procès. Il a dit avoir eu l’intention de demander pardon aux proches d’Adeline. Il y a finalement renoncé après avoir constaté le caractère “vertigineusement dérisoire” de ce geste comparé à la peine “inhumainement insupportable” qu’il a causée.

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