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L’islam de France annonce un travail de fond contre le djihadisme

Une vingtaine de mosquées et de salles de prières ont été fermées en France, selon le ministre de l'intérieur Bernard Cazeneuve (image symbolique). KEYSTONE/AP/FRANCISCO SECO sda-ats

(Keystone-ATS) L’élaboration d’un contre-discours aux appels au djihad commencera après l’été. La formation des imams sera renforcée et une instance de financement sera bientôt sur pied, a déclaré lundi le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Anouar Kbibech.

S’exprimant à ses côtés le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a assuré que parallèlement à ces actions de fond, la répression des extrémistes de poursuivrait. “Il n’y a pas de place pour ceux qui (…) appellent et provoquent à la haine, ne respectent pas un certain nombre de principes républicains, je pense notamment à l’égalité entre les femmes et les hommes”, a-t-il dit.

“Une vingtaine de mosquées et de salles de prières ont été fermées et il y en aura d’autres, compte tenu des informations dont nous disposons”, a-t-il ajouté. “Nous expulsons aussi, ce sont 80 arrêtés d’expulsion qui ont été pris et il y a plusieurs dizaines d’arrêtés d’expulsion en cours d’examen.”

Arguments à “démonter”

Selon Anouar Kbibech, qui préside l’institution de dialogue entre le gouvernement et les musulmans de France, le conseil théologique constitué en mai commencera ses travaux à la rentrée pour “démonter tout l’argumentaire djihadiste”.

Il travaillera aussi sur la charte qui sera soumise à tous des imams de France “pour pouvoir avoir un engagement clair de leur part sur le discours qu’ils tiennent dans les mosquées”.

La formation théologique des imams en France est en cours d’harmonisation, a-t-il ajouté, et leur formation “civique” deviendra obligatoire pour les aumôniers intervenant en prison. “Nous avons entrepris un travail de fond, nous le mènerons jusqu’au bout”, a dit Anouar Kbibech.

Questions de financement

La future instance de financement doit être créée “avant la fin de l’année”, a précisé Bernard Cazeneuve. Elle “permettra de financer la partie culturelle” des mosquées et des travaux universitaires.

Après les récents attentats de Nice et Saint-Etienne-du-Rouvray, le premier ministre Manuel Valls a annoncé vouloir “bâtir un véritable pacte avec l’islam de France”. Favorable à une suspension du financement de la construction de mosquées par des fonds étrangers, il a souhaité que la Fondation des oeuvres de l’islam de France, créée en 2005, prenne “une place centrale” dans ce domaine.

Selon un rapport sénatorial publié en juillet, le financement des lieux de culte musulman est assuré majoritairement par les dons des fidèles vivant en France, le financement par les Etats étrangers étant “marginal”.

Le rapport souligne dans le même temps que les dons privés étrangers, “qui suscitent, dans l’opinion publique, le plus de suspicion, quant à l’orientation idéologique qui les anime”, “ne peuvent faire l’objet d’une collecte statistique exhaustive”.

M. Cazeneuve a précisé qu’il ferait des propositions complémentaires à Manuel Valls “de telle sorte à ce que nous puissions proposer un dispositif global, cohérent dans le courant du mois d’octobre”.

“C’est la date que je fixe pour lancer la formation et pour présenter une architecture globale qui permette de refonder véritablement la relation avec l’islam de France”, a-t-il ajouté.

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