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L’ONU rejette les conditions fixées par Ryad pour rouvrir les ports

Le coordinateur humanitaire de l'ONU pour le Yémen, Jamie McGoldrick, a estimé qu'il fallait lever le blocus immédiatement face à l'urgence de la situation humanitaire au Yémen (archives). KEYSTONE/EPA/YAHYA ARHAB sda-ats

(Keystone-ATS) L’ONU a appelé mardi l’Arabie saoudite à lever le blocus au Yémen sans attendre un renforcement des contrôles de cargaisons acheminant de l’aide vers les ports au Yémen. Cette condition avait été demandée par Ryad pour lever le blocus.

Le blocus décidé par la coalition en guerre au Yémen depuis 2015 en soutien du gouvernement réfugié à Aden (sud), contre les rebelles chiites houthis, qui contrôlent Sanaa et le nord, avec le soutien présumé de l’Iran, est survenu début novembre. Il fait suite à un tir de missile venant du Yémen et intercepté près de Ryad.

Quelque sept millions de personnes au Yémen vivent dans des conditions proches de la famine. L’ONU a indiqué craindre “la plus grande famine” de ces dernières décennies – avec des “millions de victimes” – si le blocus n’est pas rapidement levé.

Situation catastrophique

Lundi, lors d’une conférence de presse à New York, l’ambassadeur saoudien à l’ONU, Abdallah al-Mouallimi, a assuré que des ports dans les zones contrôlés par le gouvernement du Yémen seraient réouverts, comme ceux d’Aden, Mukalla et Mocha. Il a toutefois demandé des contrôles renforcés dans les autres ports sous contrôle des rebelles, dont Hodeida.

Le coordinateur humanitaire de l’ONU pour le Yémen, Jamie McGoldrick, a estimé mardi de son côté que l’urgence de la situation humanitaire ne permettait pas d’attendre qu’un nouveau système de vérification des cargaisons soit mis sur pied. “L’impact humanitaire de ce qui se passe ici en ce moment est inimaginable”, a-t-il déclaré aux médias à Genève, lors d’une conférence de presse.

“Je ne pense pas que les discussions (relatives aux contrôles renforcés) devraient entraver l’ouverture du port” de Hodeida, principale porte d’entrée pour acheminer une aide humanitaire vitale à la population, a-t-il ajouté. Le blocus “complique une situation qui est déjà catastrophique”, a-t-il insisté.

Aéroport touché par une frappe

Sur le terrain, l’Autorité de l’aviation civile dans la capitale yéménite a affirmé mardi qu’une frappe aérienne, attribuée aux Saoudiens, avait détruit le système de navigation à l’aéroport de Sanaa. Les vols humanitaires risquent d’être entravés.

Le raid de la coalition arabe sous commandement saoudien a entraîné “la destruction totale du système de navigation par radio”. Il a interrompu les seuls vols vers l’aéroport de la capitale Sanaa, c’est-à-dire ceux des Nations unies et d’organisations humanitaires internationales, a assuré cette autorité dans un communiqué cité par l’agence rebelle Saba.

Le Yémen est déchiré par une guerre opposant les rebelles chiites Houthis et leurs alliés -les forces restées fidèles à l’ex-président Ali Abdallah Saleh- aux troupes loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi. Le conflit s’est aggravé avec l’intervention militaire en mars 2015 d’une coalition arabe menée par l’Arabie saoudite pour aider le pouvoir à chasser les Houthis qui ont pris le contrôle de Sanaa et d’autres parties du pays fin 2014/début 2015.

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