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L’UE veut bannir les produits plastiques à usage unique

Chaque année, huit millions de tonnes de plastique - bouteilles, emballages ou autres déchets- sont jetés dans l'océan, tuant la faune marine et affectant la chaîne alimentaire de l'être humain. KEYSTONE/AP NOAA Pacific Islands Fisheries Science Center/UNCREDIT sda-ats

(Keystone-ATS) La Commission européenne a proposé lundi une série de mesures visant à bannir les produits plastiques à usage unique pour réduire les déchets en mer. Des ONG estiment qu’on aurait pu aller plus loin, tandis que l’industrie pointe les pouvoirs publics.

L’UE porte son attention sur dix produits en plastique à usage unique, comme les bâtonnets de coton tige, les couverts, les assiettes ou les pailles, mais aussi sur les engins de pêche qui, collectivement, représentent 70 % des déchets marins en Europe.

Avec ces nouvelles règles, ces produits plastiques à usage unique seront bannis et remplacés par des matériaux plus durables et moins nocifs pour l’environnement.

Collecter 90% des bouteilles

Les États membres devront atteindre un objectif de collecte de 90% pour les bouteilles en plastique à usage unique d’ici à 2025, en mettant en place, par exemple, des systèmes de consigne, peut-on lire dans un communiqué de la Commission.

“Les déchets plastiques constituent indéniablement un dossier de premier ordre. Les Européens doivent s’y attaquer de concert, car les déchets plastiques finissent dans l’air que nous respirons, dans notre sol, dans nos océans et dans nos aliments”, a déclaré le vice-président de la Commission, Frans Timmermans.

Propositions transmises au Parlement

Ces propositions vont être transmises au Parlement européen et au Conseil pour adoption. “La Commission exhortera les autres institutions à traiter ce dossier en priorité et à fournir des résultats concrets pour les Européens avant les élections de mai 2019”, précise le communiqué.

Chaque année, huit millions de tonnes de plastique – bouteilles, emballages ou autres déchets- sont jetés dans l’océan, tuant la faune marine et affectant la chaîne alimentaire de l’être humain, selon le programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE).

Satisfaction

Plusieurs voix se sont élevées dans le monde politique pour saluer les propositions de la Commission.

“L’ampleur du problème implique que nous ne pouvons pas nous reposer sur les pays d’Europe pris individuellement pour prendre des mesures, la réponse doit être trouvée à l’échelle européenne”, ont souligné les Verts européens, qui pressent les États membres d’adopter les proposition de l’exécutif.

Belgique en pointe

Pionnière, la Belgique a élaboré l’an dernier un plan d’action contre les déchets marins. Et en janvier dernier, le secteur belge des cosmétiques, détergents et produits d’entretien s’est engagé à se passer d’ici fin 2019 de microbilles dans les produits cosmétiques à rincer (savons, gommages, etc.) et les produits bucco-dentaires.

Une première européenne, encore toutefois trop limitée par rapport aux microplastiques dits secondaires, issus de la décomposition de produits plastiques comme les vêtements synthétiques, qui polluent l’eau à chaque lavage, ou les pneus. Le gouvernement a toutefois promis de travailler sur ce sujet-là aussi avec les organisations concernées.

Objectifs chiffrés nécessaires

L’alliance “Rethink Plastics” a salué l’initiative de la Commission, même si selon ces ONG, elle aurait pu aller encore plus loin. “Il n’y a aucune initiative similaire à cette échelle dans le monde”, a noté Meadhbh Bolger, de “Friends of the Earth Europe”, l’une des ONG membres de l’alliance.

Mais sans objectifs chiffrés au niveau de l’UE pour la réduction des emballages alimentaires et gobelets, “il y a un risque potentiel d’échec”, a-t-elle averti.

L’industrie européenne du plastique a quant à elle froidement reçu les annonces, jugeant que la Commission faisait des “raccourcis” dans son raisonnement.

PlasticsEurope estime ainsi dans un communiqué que ces déchets marins résultent plutôt du “manque d’application de la législation liée à la gestion des déchets au niveau national et régional” et appelle à la mise en place d’infrastructures et à l’interdiction des décharges.

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