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La “génération ski” en voie de disparition

A défaut de neige, les touristes profitent du soleil sur les pistes de ski (image symbolique). KEYSTONE/GIAN EHRENZELLER sda-ats

(Keystone-ATS) La saison de ski 2016/2017 s’annonce mitigée pour les stations. L’érosion ne date pas d’aujourd’hui. Le ski c’est aussi une histoire de génération.

“L’évolution des sports d’hiver est complexe”, selon le géographe Nicolas Antille. Changement climatique, franc fort et évolution de la société sont autant de facteurs à prendre en considération.

La génération des baby-boomers, qui a coïncidé avec la grande époque du ski des années 1970-80 est moins encline à skier. Les vieux amateurs de lattes se retirent gentiment des pistes. Ils n’ont soit plus la force de skier longtemps soit préfèrent d’autres activités. Nicolas Antille juge difficile de remplacer cette clientèle.

La tendance se ressent tant chez les sportifs amateurs que les professionnels. Les touristes qui viennent une semaine de vacances sont tout aussi contents de profiter du soleil quand il n’y a pas de neige et de prendre du bon temps sans pratiquer les sports de glisse “à temps complet”, souligne le géographe.

Du côté des professionnels, ils sont aussi moins nombreux. La Fédération internationale de ski enregistre une baisse constante des licenciés depuis les championnats du monde à Crans-Montana (VS) en 1987, complète Grégory Quin, historien du sport à l’Institut des sciences du sport de l’Université de Lausanne.

Histoire de génération

Il y a quarante ans, partir en week-end ou en semaine de ski était presque un rituel. Il n’y avait pas d’autres options touristiques, souligne M. Quin. “Pas possible de prendre l’avion pour aller quelques jours à Porto ou à Barcelone à bas prix.”

Les adeptes du ski étaient attirés par le côté populaire du ski, poursuit M. Antille. Mais cette pratique est presque devenue un sport de luxe, coûteux. De plus le ski n’est pas ou n’est plus autant présent dans la culture des citadins et de communautés étrangères vivant en Suisse.

Jusqu’aux années 1980, le camp de ski était une réalité dans 80 à 90% des classes d’école, selon l’historien, qui a participé à une exposition sur l’histoire du ski au Musée suisse du sport à Bâle. Or leur nombre a nettement diminué ces vingt dernières années. Si les écoliers ne pratiquent pas les sports de glisse, difficile de les attirer sur les pistes à l’âge adulte, explique-t-il.

Multi-activités

Les goûts pour les activités en plein air ont aussi changé. Il y a trente ans, le ski avait quasiment le monopole en hiver à la montagne. Les autres sports, comme la raquette ou le ski de randonnée, se sont depuis multipliés avec leurs adeptes, précise l’enseignant. Ces alternatives nécessitent moins de neige et attirent souvent plus de monde que les spatules.

Andreas Keller, chef de la division communication de l’association des remontées mécaniques suisses, conseille aux remontées mécaniques de varier leurs offres afin d’être moins dépendantes de l’or blanc.

Penser global

“Il faut réfléchir à ces changements et penser au niveau régional et non plus local”, explique Nicolas Antille. On ne peut pas copier ce qui a été fait il y a 25 ans. En moyenne altitude, “il faut oublier le ski comme activité unique”. Les stations du Val d’Anniviers par exemple pourraient se partager les activités: randonnées et raquettes dans les stations de moyenne altitude et ski à plus haute altitude, propose Nicolas Antille.

Aoste, en Italie, propose déjà aux skieurs une liaison directe entre la gare et les pistes. Ancien président de Vercorin Tourisme, M. Antille admet que cette réflexion est parfois encore difficile en Valais. Les stations investissent dans de nouvelles installations pour satisfaire leur clientèle. Mais elles peinent à trouver des adeptes pour les rentabiliser.

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