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La Banque d’Angleterre baisse son taux pour amortir le Brexit

La Banque d'Angleterre a augmenté de 60 milliards de livres son programme d'assouplissement quantitatif. KEYSTONE/AP/FRANK AUGSTEIN sda-ats

(Keystone-ATS) La Banque d’Angleterre (BoE) a annoncé jeudi avoir réduit d’un quart de point son taux directeur, qui est ainsi ramené à 0,25%. L’institut d’émission abaisse ainsi le loyer de l’argent pour la première fois depuis 2009.

Il a pris cette décision dans l’espoir d’amortir le choc du vote des électeurs britanniques en faveur d’une sortie de l’Union européenne.

La BoE a en outre décidé d’injecter davantage de liquidités dans l’économie, en augmentant de 60 milliards de livres (76,2 milliards de francs) son programme de rachats d’obligations d’Etat, et en achetant aussi jusqu’à 10 milliards de livres d’obligations d’entreprises. Elle a enfin lancé un nouveau système pour fournir des fonds à bon marché aux banques.

Si la baisse des taux, votée à l’unanimité par les neuf membres du conseil de politique de la BoE, était attendue par les économistes, la décision d’augmenter le programme d’assouplissement quantitatif, ainsi porté à 435 milliards de livres, l’était moins.

L’élargissement de ce programme, qui a pour sa part été voté par six voix contre trois, durera pendant six mois, a précisé la Banque d’Angleterre.

La livre recule, la Bourse progresse

Dans la foulée de ses annonces, la livre recule de plus de 1% face au dollar tandis que le rendement des obligations souveraines britanniques à 10 ans est tombé à un nouveau plus bas record, à 0,678%. La Bourse de Londres, qui a été la traîne des autres places européennes toute la matinée, gagne pour sa part 1,2% vers 13h20.

La banque centrale anticipe une stagnation de l’économie pour le reste de l’année mais ne pense pas qu’elle va entrer en récession. Elle a par ailleurs fortement revu en baisse sa prévision de croissance pour 2017, ne tablant plus que sur une hausse de 0,8% du produit intérieur brut (PIB) contre une précédente projection de 2,3%.

Enfiévré ces dernières années par une montée vertigineuse des prix, le marché de l’immobilier donne depuis des signes de tensions, faisant craindre à certains experts l’éclatement d’une bulle.

La chute de la livre sterling depuis le vote a renchéri le coût des voyages à l’étranger pour les Britanniques et risque d’alourdir le prix des importations et donc des produits vendus dans le pays – la chaîne d’habillement Next a par exemple prévenu mercredi qu’elle pourrait devoir payer jusqu’à 5% plus cher ses importations de vêtements.

Le moral des consommateurs et des industriels a aussi flanché, bien qu’aucun impact marqué ne soit encore perçu du côté de la consommation. Primordial au Royaume-Uni, le secteur des services s’est contracté à un rythme inédit depuis plus de sept ans, a prévenu mercredi le cabinet Markit, qui, comme d’autres spécialistes, évoque un risque de récession.

Rassurer

Dans ce contexte difficile, la banque centrale cherche donc encore à rassurer. Son gouverneur, Mark Carney, avait déjà été omniprésent dans les jours qui ont suivi le séisme politique du référendum, apparaissant plusieurs fois à la télévision pour assurer que l’institut ferait le nécessaire pour stabiliser si besoin le système financier.

Cette fois, c’est en actionnant le levier de la politique monétaire que la BoE cherche à maintenir la confiance. A la mi-juillet, elle avait maintenu intacte son orientation lors de la première réunion de son comité de politique monétaire (CPM) depuis le référendum. Mais la détérioration visible depuis dans les indicateurs a cette fois incité à l’action.

“Ecraser une noisette avec une masse”

“Je préfère prendre le risque d’écraser une noisette avec une masse plutôt que de creuser un tunnel avec un piolet miniature”, avait d’ailleurs prévenu l’économiste en chef de la BoE Andrew Haldane, en répondant par avance aux critiques doutant de l’efficacité d’une telle action dans un contexte de taux déjà très bas.

La décision de la BoE pourrait avoir en effet pour conséquence perverse de limiter encore davantage les marges des banques et les revenus des épargnants: Royal Bank of Scotland a même prévenu récemment ses clients professionnels qu’elle pourrait avoir à leur faire payer pour leurs comptes de dépôts.

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