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La BCE reste attentiste et déçoit les marchés

L'absence de décision jeudi ne remet pas en cause la "volonté ou la capacité d'agir" si besoin est, a affirmé le président de la BCE Mario Draghi. KEYSTONE/AP/MICHAEL PROBST sda-ats

(Keystone-ATS) La Banque centrale européenne (BCE) a déçu les attentes jeudi en ne modifiant ni ses taux d’intérêt ni son vaste programme de rachats d’actifs. Son président Mario Draghi a toutefois laissé la porte ouverte à d’éventuelles mesures supplémentaires à l’avenir.

“Pour le moment, il n’y a pas de changement suffisamment important pour justifier une action (de la BCE). Notre politique monétaire est efficace”, a justifié Mario Draghi, lors d’une conférence de presse à l’issue de la réunion de politique monétaire du conseil des gouverneurs de l’institution.

L’absence de décision jeudi ne remet pas en cause la “volonté ou la capacité d’agir” si besoin est, a insisté l’Italien. Cela n’a visiblement pas suffi à rassurer les investisseurs. La Bourse de Francfort a ainsi chuté à l’écoute des paroles de Mario Draghi. Peu après 16h00, le Dax lâchait environ 1%. Scénario semblable à la Bourse de Paris en perte de vitesse de 0,82% à peu près au même moment.

La déception s’est notamment installée, quand le président de la BCE a affirmé qu’une modification de son programme d’assouplissement monétaire, dit “QE”, n’avait pas été discutée.

“Pas de nouvelle, bonne nouvelle”

Si le maintien des taux d’intérêt à leur plus bas niveau historique était largement anticipé, beaucoup espéraient une nouvelle prolongation de six mois de ces 80 milliards d’euros d’achats mensuels de titres de dette (de pays et d’entreprises), un programme débuté en mars 2015 et visant à redynamiser l’inflation anémique en zone euro. Il est actuellement censé durer jusqu’en mars 2017 “ou plus si nécessaire”.

Mais pour Holger Schmieding, économiste chez Berenberg, “pas de nouvelle, bonne nouvelle” et ce “même si les marchés ne le voient pas toujours ainsi”.

Préférant insister sur les effets positifs de sa politique actuelle, la BCE a profité de sa réunion de septembre pour réévaluer ses prévisions macroéconomiques pour la zone euro, les premières depuis le référendum britannique en faveur d’un Brexit. C’est entre autres sur la base de ces pronostics que le conseil prend ses décisions de politique monétaire.

Pas de cataclysme à cause du Brexit

Le cataclysme économique un moment craint à cause du Brexit ne semble finalement pas se profiler, la BCE a même relevé sa prévision de croissance du produit intérieur brut (PIB) de la zone euro pour 2016 à 1,7% pour 2016, contre 1,6% anticipé en juin.

L’économie européenne ne devrait en revanche progresser plus que de 1,6% en 2017 puis en 2018, contre 1,7% attendu jusque-là. La BCE continue de s’attendre à une reprise économique “à un rythme modéré mais constant”, essentiellement tirée par la consommation, a toutefois assuré Mario Draghi.

Une demande à l’export toujours timide, en partie à cause des incertitudes entourant la sortie à venir du Royaume-Uni de l’Union européenne, les restructurations nécessaires dans certains secteurs et la lente mise en oeuvre de réformes structurelles continuent toutefois de freiner l’activité économique, a détaillé Mario Draghi. Il a réitéré son appel habituel aux gouvernements de la zone euro à faire les réformes nécessaires dans leur pays.

Inflation anémique

En matière d’inflation, les attentes de la BCE n’ont guère changé par rapport à celles de juin. Les prix en zone euro devraient ainsi progresser de 0,2% en 2016, de 1,2% en 2017, avant d’accélérer à 1,6% en 2018. Même si l’horizon se dégage légèrement, l’évolution des prix est toujours très en deçà de l’objectif de la BCE d’une inflation proche de 2%.

L’inaction de la BCE jeudi ne signifie que cela restera ainsi dans les mois à venir, notamment si l’institution devait se montrer plus pessimiste dans ces prévisions économiques, qui seront de nouveau révisées en décembre.

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