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La BCGE aurait mis 40 ans pour s’en sortir avec l’ancienne équipe

(Keystone-ATS) Genève – Avec la méthode de provisionnement utilisée par la BCGE dans les années nonante, il aurait fallu 30 à 40 ans à l’établissement pour absorber ses pertes. Ce constat a été dressé mardi au procès de la débâcle de la banque par l’ancien administrateur David Lachat.
M.Lachat est entré au conseil d’administration de la Banque cantonale de Genève (BCGE) en février 1999, peu avant que la situation catastrophique de l’établissement ne soit rendu public. L’ancien député socialiste au Grand Conseil avait été envoyé à ce poste par le Conseil d’Etat de l’époque.
Un gouvernement mal informéLe gouvernement voulait y voir plus clair sur ce qui se passait à la BCGE, a expliqué devant la Cour correctionnelle de Genève M.Lachat. Des rumeurs alarmantes commençaient à circuler. L’avocat socialiste a alors tenté d’en savoir le plus possible sur les provisions constituées par la banque.
Il rencontre René Curti, l’un des accusés, qui le met au parfum. L’ancien directeur adjoint de la BCGE lui indique que les risques ne sont pas suffisamment provisionnés. “Il m’a dit qu’il manquait 2,3 milliards de francs”, a relevé M.Lachat. “J’ai alors poussé la direction à aller voir la Commission fédérale des banques (CFB)”.
M.Lachat a répété devant le jury combien sa mission qui lui avait été confiée par le Conseil d’Etat avait été difficile. Il fallait être prudent dans la diffusion des informations. Le risque existait de créer la panique. “J’imaginais les clients courir aux guichets”, a déclaré l’ancien député socialiste.
Garder la confianceUne crainte également évoquée plus tôt dans la journée par Georges-André Cuendet, membre du comité de banque de 1994 à 2000. Selon lui, la banque craignait plus que tout d’entamer son capital confiance auprès de l’extérieur. En le faisant, elle aurait signé “son arrêt de mort”, a-t-il relevé.
Pour éviter d’en arriver cette extrémité, quelques artifices comptables ont été utilisés. La BCGE a notamment pratiqué une politique de sous-provisionnement de ses risques. Tout le monde était au courant de la situation, a affirmé M.Cuendet. “Ce n’était un secret pour personne, car Genève est un grand village”.

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