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La biologie: de l’appris par coeur avec insuffisamment de contexte

Les cours ex cathedra ne sont pas le meilleur endroit pour transmettre des concepts interdisciplinaires, selon cette étude (image symbolique). KEYSTONE/GAETAN BALLY sda-ats

(Keystone-ATS) L’enseignement de la biologie au gymnase se compose de nombreux faits appris par coeur et la mise en contexte laisse à désirer, selon une étude de l’EPFZ. Nombre d’étudiants n’ont qu’une conception vague ou fausse de l’évolution ou de la génétique.

Pour cette recherche, l’équipe de la doctorante en biologie Annie Queloz Champagne a interrogé 475 gymnasiens proches de la maturité en Suisse centrale et orientale à l’aide du BCI (Biological Concepts Instrument). Ce questionnaire à choix multiple en 24 points a été développé il y a quelques années aux Etats-Unis.

Le résultat fait figure de douche froide, écrit mercredi l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) dans un communiqué. Les lacunes constatées ne peuvent être corrigées qu’à grand-peine et avec beaucoup de travail par la suite.

Parmi les problèmes relevés figure en particulier le rôle du hasard, central en biologie de l’évolution ou dans les interactions moléculaires, par exemple. Cet aspect n’est pas suffisamment traité, et de nombreux manuels d’enseignement classiques transmettent une vision déterministe de la biologie qui induit les gymnasiens en erreur, selon les chercheurs.

Un autre problème est que des concepts d’autres branches comme la physique ou la chimie ne peuvent pas être transposés en biologie, chaque discipline étant enseignée séparément. Les liens croisés et applications possibles ne sont pas traités, selon ces travaux publiés dans la revue PLOS One.

Difficile à rattraper

L’EPFZ et l’Université de Zurich ont déjà testé à l’aide du même questionnaire BCI leurs étudiants en biologie de premier et de troisième semestre. Il en ressort que le retard est très difficile à rattraper: après les premiers semestres, l’amélioration est d’au maximum 20% seulement par rapport au niveau maturité.

Ces constats recoupent ceux d’autres études menées aux Etats-Unis notamment. L’EPFZ a d’ores et déjà pris des mesures afin d’adapter son enseignement en fonction des lacunes relevées il y a deux ans sur les étudiants de premier semestre.

Du nouveau matériel didactique par exemple est venu compléter les manuels plus anciens. Le cours de physique à l’intention des étudiants en biologie a également été revu. Mais il y a des limites: des cours ex cathedra donnés dans des auditoires accueillant jusqu’à 600 étudiants de différentes disciplines ne sauraient rendre justice à tous, note l’EPFZ.

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