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La capitale afghane Kaboul bloquée par une grosse manifestation

Les forces de sécurité ont bloqué les principales intersections de la capitale afghane Kaboul avec des containers empilés, tandis que les manifestants tentaient de défiler jusqu'au palais présidentiel. Keystone/AP/MASSOUD HOSSAINI sda-ats

(Keystone-ATS) Kaboul était complètement paralysée lundi par une manifestation de milliers de Hazaras. Cette minorité chiite proteste contre le tracé d’une future ligne à haute tension qui ne passe pas par leur fief.

Cette mobilisation pourrait dégénérer en une crise politique qui accentuerait les difficultés d’un gouvernement déjà affaibli par le marasme économique et l’insurrection talibane. Les forces de sécurité ont bloqué les principales intersections de la capitale avec des containers empilés, tandis que les manifestants tentaient de défiler jusqu’au palais présidentiel.

Ils réclament que la ligne électrique qui doit relier l’Afghanistan et le Pakistan à l’Asie centrale passe par la province de Bamiyan, une région majoritairement hazara du centre du pays. Cette mobilisation illustre l’instabilité politique en Afghanistan, où une manifestation massive avait été déclenchée en novembre par la décapitation d’un groupe de Hazaras, cristallisant le mécontentement grandissant à l’égard du gouvernement du président Ahsraf Ghani.

La ligne TUTAP, qui doit relier le Turkménistan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan à l’Afghanistan et au Pakistan, est considérée comme un projet crucial pour cette région souffrant d’un manque d’électricité, mais elle est marquée par nombre de controverses.

Une minorité de 3 millions de personnes

La ligne devait initialement passer par Bamiyan, mais le gouvernement a décidé d’en modifier le tracé et de la faire passer par le col de Salang, au nord de Kaboul. Il a expliqué que ce parcours plus court accélèrerait la réalisation du projet et permettrait d’économiser des millions de dollars. Les dirigeants hazaras jugent ce nouveau tracé discriminatoire.

La minorité des Hazaras, qui compte trois millions de personnes, a été persécutée pendant des décennies. Des milliers de ses membres ont été tués à la fin des années 1990 par Al-Qaïda et les talibans, majoritairement des pachtounes sunnites.

Cette minorité appartenant à l’islam chiite dans un pays majoritairement sunnite a été la cible de nouvelles violences, dont des enlèvements et des assassinats au cours des derniers mois qui ont suscité une vague d’indignation sur les réseaux sociaux.

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