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La centrale hydroélectrique de Chancy-Pougny (GE) fête ses 90 ans

(Keystone-ATS) Situé sur la partie franco-suisse du Rhône à l’extrémité du canton de Genève, le barrage de Chancy-Pougny fête ses 90 ans. D’importants travaux sont en cours pour moderniser ce fleuron du patrimoine industriel genevois.

Du côté suisse, sur la rive gauche du Rhône, une porte de près de cinq mètres de haut donne accès à la salle des machines. “Cette entrée est à la dimension des turbines”, a expliqué vendredi Michel Novelle, responsable du projet de rénovation et d’aménagement pour la Société des forces motrices de Chancy-Pougny (SFMCP) qui exploite le barrage.

Cinq machines, composées d’un alternateur, d’un rotor et d’une turbine se trouvent dans ce bâtiment. Quatre d’entre elles ont été remplacées ces dernières années, alors que la cinquième est d’origine. “Et elle fonctionne encore parfaitement”, se réjouit le spécialiste, admiratif devant cette belle mécanique.

Un investissement de 190 millions

Des travaux de modernisation ont été lancés en 2004 afin de respecter les exigences imposées par la concession d’exploitation octroyée par la Suisse et par la France pour une durée de 60 ans. Ces travaux devraient se poursuivre jusqu’en 2020. Le coût de ce gigantesque chantier s’élève à 190 millions de francs.

Il s’agit principalement d’augmenter la capacité de turbinage de 200 GWh à 240 GWh, soit de quoi assurer la consommation de 70’000 ménages. L’électricité produite est commercialisée par les Services industriels genevois (SIG) qui détiennent 72,24% des actions de la SFMCP. Les 27,76% restants sont détenus côté français par la Compagnie Nationale du Rhône (CNR).

“Il a aussi fallu trouver des solutions pour conforter le barrage afin de résister aux séismes”, ajoute M. Novelle. D’énormes clous ont été plantés pour fixer l’ouvrage au fond de l’eau et sur les berges.

Des poissons sous surveillance

La SFMPC a mis en place des mesures environnementales qui lui ont permis de décrocher le label “naturemade star”, la plus haute certification écologique pour une installation de production énergétique. Une échelle à poissons permet ainsi aux gardons, barbeaux, brochets, truites et autres perches de franchir le barrage.

Soixante bassins de 20 centimètres de profondeur compensent les douze mètres de différence de niveau entre les deux côtés de l’ouvrage. Le passage de ces poissons est étudié de près. Plusieurs fois par semaine, des spécialistes posent une nasse pour capturer les poissons et les identifier.

A terme, un système de vidéosurveillance devrait être opérationnel. Cette passe à poissons a coûté 10 millions de francs. D’autres investissements seront certainement nécessaires dans un futur proche. En effet, un creux se forme en aval du barrage. Il pourrait mettre en péril sa stabilité. Il est envisagé de déposer d’énormes blocs de béton pour arrêter l’érosion.

Pour les usines métallurgiques

Le barrage de Chancy-Pougny a été inauguré en 1925. Il avait été construit principalement pour fournir en électricité les usines métallurgiques du Creusot au sud de la Bourgogne et pour répondre aux besoins des Genevois.

Au fil des ans, la demande s’est faite plus forte à Genève et a diminué côté français, notamment en raison de la construction du barrage de Génissiat en aval. Dès 1959, la plus grande partie de l’énergie du barrage est consommée à Genève. C’est toujours le cas actuellement.

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