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La chambre magmatique des supervolcans ressemble à une éponge

Un réservoir rempli de magma liquide peut exploser à tout moment. En revanche, du magma solide doit d'abord être liquéfié par un afflux de chaleur du manteau terrestre (archives). Keystone/AP/REBECCA BLACKWELL sda-ats

(Keystone-ATS) Des chercheurs de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) ont percé un mystère entourant les supervolcans. Ils ont montré que la structure de la chambre magmatique de ces géants endormis est semblable à une éponge.

Les experts sont divisés sur la consistance du magma des supervolcans endormis. Certains estiment qu’il sommeille sous forme solide, d’autres sous forme liquide sous la surface.

Olivier Bachmann et son équipe ont apporté une réponse à cette question. La consistance du magma se situe entre ces deux états: environ la moitié est solide, et forme une sorte de structure poreuse renfermant de la roche magmatique liquide.

La question de la consistance a son importance, car un réservoir rempli de magma liquide peut exploser à tout moment. En revanche, du magma solide doit d’abord être liquéfié par un afflux de chaleur du manteau terrestre. C’est seulement ensuite qu’une éruption peut se produire, écrit jeudi l’EPFZ dans un communiqué.

Minéraux comme témoins

Pour répondre à cette question, Olivier Bachmann et son équipe se sont basés sur le volcan “Kneeling Nun Tuffs” au Nouveau-Mexique. Plus précisément, ils se sont servis de cristaux de zirkon et de titanite, deux minéraux sont présents dans le magma qui se retrouvent à la surface lors d’une éruption.

Ces deux types de cristaux renferment des informations sur la période à laquelle ils se sont formés et sur la température environnante. Les chercheurs ont donc analysé, dans plusieurs échantillons de roche, l’âge et la composition chimique de ces cristaux. Leur but: comprendre l’évolution de la température dans la chambre magmatique de ce supervolcan américain.

Selon leurs analyses, il y a plus d’un demi-million d’années, la température dans la chambre magmatique se situait entre 680 et 730 degrés. Les chercheurs en concluent que le supervolcan a dû se “charger” pendant très longtemps avant d’exploser, écrit l’EPFZ. L’analyse des minéraux concorde avec des résultats antérieurs du groupe de travail, issus de modélisations informatiques.

Longue maturation

Publiées dans la revue “Nature Geoscience”, les deux études montrent que les supervolcans “mûrissent” pendant très longtemps. Des éruptions ne sont possibles qu’à intervalles de dizaines de milliers d’années.

Les nouvelles connaissances ne permettent pas de prévoir la prochaine éruption. A l’avenir, elles pourraient toutefois aider à mieux apprécier les signes avant-coureurs. Cité dans le communiqué, Olivier Bachmann rappelle que “l’éruption d’un supervolcan est – heureusement pour nous – un événement très rare”.

http://dx.doi.org/10.1038/ngeo3020 et http://dx.doi.org/10.1038/ngeo2959

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