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La confidente de l’ombre de Mme Park condamnée à 20 ans de prison

Choi Soon-sil à son arrivée mardi sous bonne escorte au tribunal de district de Séoul KEYSTONE/AP/AHN YOUNG-JOON sda-ats

(Keystone-ATS) La confidente de l’ombre de l’ex-présidente sud-coréenne Park Geun-hye, au coeur du scandale de corruption qui a précipité sa chute, a été condamnée mardi à 20 ans de réclusion criminelle. Choi Soon-sil avait été rebaptisée “Raspoutine” par les médias sud-coréens.

Choi Soon-sil est la fille d’un mystérieux chef religieux. Elle fut pendant des décennies une amie très proche de Mme Park. Le tribunal du district central de Séoul l’a reconnue coupable d’abus de pouvoir, de corruption et de s’être mêlée des affaires de l’Etat.

Elle a tiré profit “de ses liens personnels de longue date” avec l’ex-présidente pour contraindre des grands groupes à verser des fonds à des fondations sous son contrôle, a relevé le juge Kim Se-yoon.

Au total, elle a accepté 14 milliards de wons (environ 12 millions de francs) de la part de Samsung, le premier conglomérat sud-coréen, et de Lotte, géant de la vente au détail, et s’est “largement mêlée des affaires de l’Etat”, a ajouté le magistrat. “Sa culpabilité est lourde”, a-t-il dit, relevant qu’elle n’avait montré aucun signe de repentir.

Choi Soon-sil, vêtue d’un anorak bleu foncé orné d’un badge portant son numéro d’écrou, n’a guère réagi à l’énoncé de la sentence. Son avocat, Lee Kyung-jae, a annoncé son intention de faire appel, dénonçant une “lourde condamnation à la limite de la cruauté”.

“L’alpha et l’omega”

Le parquet avait requis une peine de 25 ans d’emprisonnement contre Mme Choi, “l’alpha et l’omega du scandale”. Elle avait plaidé non coupable, niant en bloc toutes les accusations, et avait expliqué qu’elle n’avait jamais recherché à obtenir des avantages personnels et qu’elle essayait seulement d’aider Mme Park dans son travail. Elle avait aussi accusé le parquet de l’avoir “piégée”.

Dans un contexte de frustrations économiques et sociales croissantes, Mme Park avait été destituée en décembre 2016 par l’Assemblée nationale, décision confirmée trois mois plus tard par la Cour constitutionnelle. Cette validation avait permis du même coup la levée de son immunité présidentielle, son audition, son placement en détention provisoire et son inculpation.

Le président du groupe Lotte, 5e conglomérat sud-coréen, a pour sa part été condamné à 2 ans et demi de prison tandis que Ahn Jong-beom, ancien conseiller de Mme Park, a écopé de six ans d’emprisonnement. La justice a également ordonné l’arrestation immédiate de Shin Dong-bin, le président du conglomérat Lotte.

Au tour de Mme Park

Lorsque le retentissant scandale à tiroirs avait éclaté en 2016 dans la 4e économie d’Asie, Choi Soon-sil avait été conspuée par les manifestants qui réclamaient la tête de la présidente. L’affaire avait trouvé son point d’orgue avec la destitution de Mme Park en mars 2017.

La condamnation mardi de Choi Soon-sil pourrait augurer du sort futur de Park Geun-hye, elle-même en procès pour corruption, car 15 des 18 chefs d’accusation qui pesaient sur les épaules de Mme Choi sont similaires aux poursuites contre l’ex-cheffe de l’Etat.

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