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La démission de D. Burkhalter prend tous les partis de court

Didier Burkhalter a créé la surprise en annonçant son départ du Conseil fédéral le 31 octobre. KEYSTONE/ANTHONY ANEX sda-ats

(Keystone-ATS) La démission du conseiller fédéral Didier Burkhalter pour la fin octobre a suscité mercredi une énorme surprise sous la Coupole, en pleine session. Personne ne s’attendait à ce départ alors que le dossier européen traverse une passe délicate.

La présidente du PLR suisse Petra Gössi a rendu hommage au travail accompli par Didier Burkhalter au sein du Département fédéral des affaires étrangères, notamment lorsqu’il a oeuvré à la tête de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). “Le PLR et la Suisse lui doivent beaucoup”.

Elle réfute l’hypothèse selon laquelle le chef du DFAE ait pu se sentir insuffisamment soutenu par le PLR dans le débat sur un accord-cadre avec l’UE. “La diversité des idées fait partie des libéraux-radicaux”, a-t-elle indiqué. En outre, le parti n’a pas à être toujours d’accord avec son représentant au Conseil fédéral, a ajouté la Schwyzoise.

“Didier Burkhalter se retrouve aujourd’hui avec un dossier européen dans les mains qui en trois ans a fait tout un chemin, mais un chemin qui n’est pas le même que l’opinion publique”, relève le président du groupe PLR Ignazio Cassis.

Il s’est probablement dit que le Conseil fédéral devait maintenant prendre la main de manière claire, a ajouté le conseiller national tessinois.”Didier Burkhalter ne veut plus être considéré comme un poids dans cette décision,donc il fait un pas en arrière, c’est très élégant”.

Deux sièges au PLR

Côté succession, Petra Gössi ne se fait pas de soucis: le PLR dispose dans toutes les régions du pays de personnes de qualité qu’il ne sera pas difficile de mettre en valeur. Il revient désormais aux partis cantonaux de proposer des candidats. Le calendrier plus précis sera communiqué jeudi. Elle-même ne se considère pas en lice.

Le PLR tessinois s’est d’ores et déjà dit partant. Pour la présidence, la succession devrait être latine, selon le conseiller aux Etats Andrea Caroni (PLR/AR).

Dans un communiqué, le PLR revendique ses deux sièges au gouvernement. Avec une part d’électeurs de 16,4%, le PLR est la troisième plus grosse formation, rappelle le parti.

Le PS regrette le départ du Neuchâtelois. Didier Burkhalter s’est opposé aux coupes orchestrées dans la coopération au développement et a participé, dans le cadre de son mandat à la présidence de l’OSCE, à la conciliation des relations avec la Russie. Il s’est par ailleurs efforcé, en politique européenne, de poursuivre le développement des relations avec l’UE”, déclare Christian Levrat, cité dans une prise de position du PS.

Le ministre sortant a permis de donner une image de la Suisse positive et ouverte sur le monde. “Son retrait est regrettable, même s’il n’est pas toujours parvenu à résoudre certains blocages”, écrit le PS. Le Conseil fédéral doit maintenant saisir l’occasion pour analyser la situation et préparer les négociations avec l’UE.

Le président du groupe socialiste au Parlement Roger Nordmann ne s’inquiète pas outre mesure concernant l’avenir du dossier européen. C’est un long chemin et il en va de la responsabilité de l’ensemble du Conseil fédéral, pas uniquement de Didier Burkhalter.

Pas assez vite

A l’UDC, le président Albert Rösti retient que le Neuchâtelois a sans doute trouvé que le dossier européen n’avançait pas aussi vite qu’il l’aurait souhaité. “Et là c’est clair, l’UDC s’est toujours opposée”, a-t-il déclaré à l’ats.

Céline Amaudruz, vice-présidente de l’UDC, a déjà donné les préférences de son parti au prochain ministre des affaires étrangères. Elle mise sur un successeur PLR qui défendra une politique ferme sur la question européenne.

Il devra se souvenir des citoyens qui ont voté en faveur de l’initiative sur l’immigration de masse le 9 février 2014. En clair, ne pas reprendre le droit européen comme l’impliquerait l’accord institutionnel en cours de discussion.

L’Action pour une Suisse indépendante s’est quant à elle montrée critique à l’égard du Neuchâtelois. D’après elle, il n’a pas suffisamment défendu l’indépendance, la souveraineté, la démocratie directe et la neutralité de la Suisse. Il n’a pas réussi à mettre la Suisse sur un pied d’égalité avec les autres partenaires européens.

Le PDC n’a pas répondu aux sollicitations de l’ats.

A l’étranger, l’OSCE a salué l’action du ministre suisse lors de son passage à la tête de l’organisation en 2014. L’OSCE profite encore des fruits de son engagement, a indiqué LAmberto Zannier, secrétaire général de l’OSCE.

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